Nation ou individu c’est toujours: je te croquerai !
Alors que le sommet Européen du 28 juin aura à son programme «l’euro» son devenir, ses fonctions et partages, nombreux sont ceux qui ne comprennent pas de quoi il s’agit malgré la masse d’informations qui circule.
Des sigles et des chiffres, des accords nébuleux et une dialectique obscure empêchent une bonne compréhension de la situation.
En dehors du fait que la crise de 2008 a signifié à tous que les banques ont joué avec les finances du monde comme au Monopoly, que ce sont « les marchés » qui les représentent et détiennent les capitaux internationaux qui financent les Etats à des taux d’usurier au point de faire couler des nations, rien de tangible ne vient débrouiller et éclairer les situations, hors le fait évident pour tous que ce sont les disparités économiques entre les pays européens qui empêchent l’équilibre dans l’Europe.
Les médias transportent donc des informations en « copié collé » que les journalistes comprennent dans l’approximation et qu’ils répercutent tel quel.
Pour contrôler et maîtriser les difficultés de l’Europe avec l’euro sa monnaie unique, certains partis et programmes politiques préconisent la suppression de l’euro pour leur pays avec le retour intra muros de leur monnaie d’origine tandis que d’autres préconisent une banque européenne qui gérerait les fonds communs et pourvoirait aux besoins et nécessités de chaque pays fédéré.
Bref des différences majeures, mais qui étrangement se rejoignent dans une demande commune pour les adhérents ou détracteurs de l’un ou l’autre des systèmes : personne ne veut payer pour les autres.
Tout se joue là. L’argent, en l’occurrence l’or, demeure « l’étalon » qui préside aux décisions.
Et pourtant…
L’Europe s’est construite sur la reconstruction des pays décimés par la seconde guerre mondiale et la compréhension de ses dérives humaines.
Le « plus jamais ça ! » tint lieu de ciment fraternel et de Robert Schuman à Helmut Kohl à l’Unesco et au FMI, tout fut mis en place pour tirer les hommes vers la fraternité et la solidarité.
Alors que les guerres avaient sévi pendant des siècles sur cette partie de la terre, et pour ne parler que des plus récentes, de Napoléon à 1870 et de 1914 et 1940, les accords après 1945 permirent l’élaboration d’un « continent européen » qui serait meilleur pour l’homme et loin des désastres guerriers, des exactions et des meurtres, des génocides récurrents.
Sauf que…
Le monde se construisant sur le palpable, c’est donc l’économie et les finances qui pouvaient pourvoir aux manques et redonner du bien être aux hommes à qui la guerre avait tout ôté, qui furent naturellement placés au-devant des nécessités.
« Lorsque les hommes mangent, ils ne se battent pas… » fut la motivation de l’époque avec aussi « pendant que les hommes travaillent à reconstruire et à manger, ils ne pensent pas querelles et batailles ».
Sauf que …
Après avoir bien mangé et avoir reconstruit leurs maisons, leurs villes et leurs nations, les hommes repus et satisfaits et presque malgré eux devant leur réussite, s’adonnèrent à leurs schémas ancestraux.
Ces forces qui leur avaient permis de surmonter l’adversité et de la dépasser, ils les utilisèrent sans restriction et c’est dans une quête débridée de profits et de bénéfices qu’ils engagèrent leur imagination et leur créativité avec pour aboutissement la spéculation, l’argent, la désertification humaine qui va avec et la crise de 2008.
Aujourd’hui, après la révélation des malversations financières planétaires qui ont mis des Etats et des millions de familles en faillite prouvant la faillibilité du « tout pour la finance », alors que partout en Europe ressurgissent les extrêmes et les idéologies nationalistes religieuses ou dîtes de gauche ou de droite, celles que justement « l’Europe » canalisait, et qu’en France a été élu à la présidence un homme qui dit vouloir plus de justice et d’égalité, les grandes idées civiques et humanistes qui présidèrent à la notion « des droits de l’homme » sauront-elles revenir en surface ?
Sauront-elles supplanter l’instinct de survie de l’espèce qui pousse à résister dans l’instant plutôt qu’à long terme ?
Sauront-elles émerger des peurs individuelles pour un mieux être commun ?
La société peut-elle être plus forte que l’individu pour une tribalité et des clans qui portent en eux, par essence, l’individualité conquérante, égocentrique et souveraine qui mange pour ne pas être mangé ?
Il est plus qu’impératif de retrouver l’esprit de paix qui fit émerger « l’Europe » et de replacer ses valeurs au premier plan de toutes les négociations et réunions qui la concerne, bien au-devant des économies diverses qu’il faut apprendre à partager et à distribuer avec la conscience que chaque pays fédéré en est une partie.
Viendrait-il à un Français aujourd’hui l’idée de ne pas partager les ressources entre Bretons et Provençaux, entre Bourguignons et Alsaciens ?
Nous sommes tous Français, mais des Français maintenant fédérés avec d’autres, sur un plus vaste territoire, conquis sans bataille ni sang versé : le Continent Européen.
Retrouver donc, et apprendre, partager et se souvenir que :
« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » (Unesco 1945)
L.G.