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Eh oui, la guerre sévit, les colères grondent et les «raisins de la colère» murissent vitesse grand V, mais dans le monde émergent des libertés nouvelles et j’ai envie de vous dire que la beauté et la tendresse toujours peuvent nous bercer, avec la force et la joie, regardez cette vidéo et laissez-vous porter par la douceur d’un monde originel, le nôtre que nous prenons si peu le temps d’aimer…


 

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L'érotisme dans un journal sérieux ?

Certainement, car la sexualité fait autant tourner le monde que l'économie.

Nouvelles, grands classiques de la littérature, mais aussi reportages et web-expos, vous êtes sur le seuil de notre rubrique lubrique.

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Diabète Mag N°17

Le N°17, Vient de paraître
Chez votre Marchand de Journaux

Codif : L13013

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Prévenir, Comprendre, et Mieux vivre avec le Diabète

 

Au sommaire vous trouverez :

- Diabète : la fin d’un mythe

- Cholestérol - Diabète et les margarines

- Le Chrome limite de stockage des sucres

- Les complications du Diabète

- seul face à un infarctus

– comprendre l’anévrisme

- l’utilisation de la «metformine»

- Le matériel de sport au domicile

- Desserts allégés

- Gros dossier: Mincir de plaisir, des menus type.

- Quiches light – sauces allégées – saveurs de la mer 

- le lait végétal – les confipotes à faire

Nutrition :

-       le foie, source de fer – tout sur la moutarde

-       Fruits et légumes d’automne

-       Les vertus des baies de Goji

Un N° 17, Complet, pour une vie pleine de bonnes résolutions.

DIABETE MAGAZINE , chez votre marchand de journaux.

Inclus: Le Diabétique Gourmand, des recettes goûteuses et light.

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« La politique du fou » à Gaza avec le penseur Badiou

« On écrit toujours pour donner la vie, pour libérer la vie là où elle est emprisonnée, pour tracer des lignes de fuite (…) En philosophie, c’est comme dans un roman : on doit se demander « qu’est-ce qui va arriver ? », « qu’est-ce-qui s’est passé ? » Seulement, les personnages sont des concepts, et les milieux, les paysages sont des espaces-temps[1] ».

Intellectuel global et pas seulement localisé à l’ENS rue d’Ulm et  au collège international de philosophie de la Montagne-Sainte-Geneviève ?  Retour du refoulé[2] ? Début janvier 2009, le penseur radical Alain Badiou, 72 ans qui a repensé le platonisme avec la théorie des ensembles, débarque à Jérusalem et en Cisjordanie pour rendre compte sur le terrain de l’essence de la situation[3]… La politique c’est sa passion viscérale de toute une vie alors que Gaza assiégée et bombardée est inaccessible aux étrangers et que les nouvelles inventent un monde virtuel qui change à chaque heure.  Mais le concept même de situation  - logique, mathématique, physique, existentielle- dépend chez Badiou d’un rapport à la fonction en torsion dans cette situation, entre effectivité et possibilité[4]. L’actualité obéit à sa logique de consommation et d’accélération du temps. Sans conceptualiser la politique de la force qui se veut illimitée[5] et cherche à affirmer sa volonté de puissance et pas seulement de nuisance.

 

Les faits sont têtus et dérangeants

Entre check points, barrages et murs, guidé par un représentant du Consulat de France, notre « émérite » (à la retraite) reporter d’idées - qui ne manque pas de souffle rhétorique malgré le poids des ans, constate sur place que la territorialité est fixée en Palestine par l’Etat d’Israël, ce qui rend tout trajet problématique, voire erratique. Le philosophe normalien sait comme son collègue Deleuze qu’un concept nous impose de percevoir les choses autrement. Un concept philosophique d’espace ne serait rien s’il ne nous donnait une nouvelle perception de l’espace[6]   « On ne peut oublier là-bas que l’espace, c’est l’Etat. On rencontre le transcendantal étatique dû à la visibilité de l’espace en Cisjordanie », commente-t-il. 

Plus prosaïquement, on ne compte plus là bas en kilomètres mais en nombre de check-points.

Ainsi, sautant d’un taxi collectif à un autre, de barrage en barrage, Sami Assad, chirurgien orthopédiste de 52 ans qui mettait vingt minutes pour rallier de chez lui, à Qalandia (un faubourg de Ramallah),  son cabinet à Bethléem distant de 25 kilomètres, met aujourd’hui près de deux heures. « En Palestine, on a acquis un nouvel instrument de mesure : le check point. De mon domicile à mon cabinet, il y en a trois.  Aujourd’hui, le premier - qui est le plus important check point israélien en Cisjordanie, m’a pris dix minutes, Parfois, il me faut plus d’une heure pour le franchir. Et dans le pire des cas, personne ne passe. Je n’accepterai jamais cette situation. Il est inconcevable qu’un peuple interfère à ce point dans la vie d’un autre peuple. Mais je suis optimiste, ajoute-t-il. En médecine, on nous a appris que les organismes anormaux avaient peu de chance de survie. L’occupation israélienne et le mur sont des phénomènes anormaux.[7]. »

 

Monstration/démonstration. Le Père Raed Abousahlia, curé de l’église latine, “catholique romaine”, à Taibeh, enclave chrétienne de Palestine, est un battant. Il a une carte d’identité palestinienne, un laissez-passer du Vatican, mais il ne peut franchir les barrages de l’armée israélienne comme le privilégié VIP Alain Badiou avec son passeport français et dans la voiture diplomatique du consulat. Pour se rendre à Jérusalem, notre curé doit obtenir un permis d’”ouvrier d’église”. Heureusement, il a plus d’une poche dans sa soutane, note l’envoyé spécial du Monde : “Au check-point, je m’efforce de redonner au soldat son humanité, afin qu’il me redonne mon humanité. Alors, je parle, je souris, je raconte une anecdote, et il me laisse passer[8]”.

C’est un fait intangible qui remonte à une quinzaine d’années : le 15 août 1995, la première Taibeh, seule bière produite en Palestine, du moins depuis très longtemps, a coulé dans la brasserie de la famille Khoury. Nadim raconte son univers de brasseur : les cuves en Inox achetées aux Etats-Unis, les malts français et belges, l’acheminement vers les centres de distribution. Il met des détails troublants sur ce parcours de combattant lié encore et toujours au découpage du territoire par Israël et à un contrôle arbitraire de l’espace par un seul Etat qui fait les questions et les réponses. Il tempête : « Après la construction du « Mur », c’est devenu impossible de vendre à Jérusalem (distante de 27 kilomètres). Les Israéliens nous obligent à passer par un seul check-point commercial. Cela prend plus de trois heures, et souvent il faut faire demi-tour. Les Israéliens, eux, distribuent leur bière partout, en passant par tous les check-points[9]. »

On peut noter au passage que les choses ne sont donc pas mieux ici loties et transportées que les gens. Comme la bière Taibeh, les bouteilles de Coca-Cola trinquent dans cette affaire de visibilité de l’espace en Cisjordanie. Reportage dans le quotidien de référence. Dans un bruit d’enfer, les flacons remplis de boisson gazeuse défilent pourtant à vive allure sur la chaîne de conditionnement, alimentée par des matières premières en provenance d’Israël. Mais une fois sorties de l’usine de la Compagnie nationale de boisson qui commercialise en Cisjordanie et à Gaza les marques du groupe Coca-Cola fort prisées par la jeunesse palestinienne, ces mêmes bouteilles iront autrement moins vite. Issam Nasser, l’employé chargé de la logistique, ne sait jamais avec certitude si les camions qui quittent Ramallah chargés de palettes de canettes ou de bouteilles parviendront à destination. « Le pire reste à venir, assure le logisticien, dans quelques semaines, il faudra obligatoirement passer par un point de transit au sud de Ramallah. Nos produits devront être déchargés des camions puis rechargés sur d’autres véhicules. Si les Israéliens généralisent ce système à toutes les grandes villes, il faudra alors trois camions pour pouvoir livrer à Bethléem, à vingt kilomètres de là[10]. »

 

Les murs sont partout, même dans les têtes

Visibilité/invisibilité. « Le paysage voit [11]». Le reportage, mélange de percepts et d’affects, permet  donc de mettre le doigt dans la plaie du quotidien dans les territoires occupés et de mettre l’accent sur un point de détail de la situation qui pourrit la vie et nourrit les antagonismes, voire les haines ancestrales.

Ainsi Nidal, ce père de famille de 33 ans franchit toutes les semaines à une heure du matin la « clôture de sécurité » érigée entre Israël et la Cisjordanie pour travailler illégalement sur des chantiers de construction de la colonie d’Har Homa et gagner ainsi trois fois plus que s’il trouvait du travail à Bethléem. Avec deux filles et cinq garçons à nourrir, il n’a guère le choix. « Je dois passer le mur, risque ma vie. J’ai absolument besoin de cet argent[12]. » Le Shin Bet, service intérieur de renseignement israélien, lui a donc mis le marché en main : s’il devient un informateur, il aura un permis pour Israël. Il a refusé. Il s’est alors accoutumé à ces nuits passées dans un conteneur ou une cave, « comme un homme préhistorique ». Nidal n’est pas un cas isolé mais plutôt banal : il estime qu’à Har Homa, il y a entre 300 et 400 travailleurs illégaux. Selon les Organisations des droits de l’homme, environ un tiers des 68 000 Palestiniens qui viennent chaque jour travailler en Israël sont clandestins. Ce sont des hors la loi…

Quant au « mur », sa construction se poursuit lentement, pour encercler dans son périmètre de sécurité les blocs de colonies israéliennes situées à l’est de la « ligne verte », la ligne de démarcation d’avant 1967. Environ 60% des quelque 750 kilomètres de tracé sont achevés. Quarante-cinq kilomètres sont constitués d’un véritable mur de béton. Le reste est matérialisé par une barrière grillagée munie de détecteurs électroniques, protégée de barbelés. L’essentiel de cette frontière entre Israël et la Cisjordanie est invisible pour la majorité des Israéliens qui vivent dans des zones organisées éloignées de la « barrière de sécurité », sans conscience de sa continuité ni du sentiment d’apartheid qu’il crée pour les Palestiniens[13].

Coup d’arrêt récent à la « barrière de sécurité » (le « mur ») qui trace son sillon en Cisjordanie. Le quotidien « Yedioth Aharonoth » (31 décembre 2009) a fait état de la colère du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, contre l’avis juridique rendu par la Cour suprême d’Israël permettant de nouveau aux Palestiniens à emprunter la « route 443 » qui relie Jérusalem à Tel-Aviv. En octobre 2002, au plus fort de la seconde Intifada, le gouvernement leur en avait interdit l’usage à la suite de tirs contre des véhicules circulant sur la voie, qui avaient coûté la vie à six Israéliens. Les juges ont estimé que « la liberté de mouvement est un droit fondamental », et que des dispositions qui « interdisent complètement le trafic palestinien sur la route ne sont pas conforme avec les règles du droit international ».

Inquiet de ce qu’il considère comme un dangereux précédent, le ministère de la défense fourbit sa défense juridique en prévision d’une multiplication de démarches similaires : il reste plus de soixante kilomètres de routes réservées aux seuls Israéliens en Cisjordanie[14].

Mais les murs sont partout, surtout dans les têtes des divers protagonistes. Le radical penseur Badiou, qui n’a pas encore le don d’ubiquité, ne sait pas encore que l’Egypte vient de lancer la construction d'un mur séparant sa frontière de celle de la bande de Gaza. Pour les autorités égyptiennes, il s'agit de fermer les tunnels souterrains reliant les deux territoires et d'éviter l'entrée en masse de milliers de Palestiniens. Le mur, haut de trois mètres, sera construit en pierre et s'étendra le long des quatorze kilomètres de la frontière. Notre reporter voyant voyeur ne peut donc pas tout voir, par exemple la galère des marins pêcheurs de la bande de Gaza sous blocus israélien. Les embarcations palestiniennes doivent pêcher très près du rivage. Au loin, les patrouilleurs surveillent et les incidents se multiplient[15]. Mais, même s’il ne s’attarde pas sur le sujet, le philosophe de la rue d’Ulm,  malgré ses œillères idéologiques, sait bien qu’à Gaza, le Hamas contrôle de près « l’économie des tunnels » vers l’Egypte. Le mouvement de résistance islamique délivre les permis de construire (droit de 3000 dollars, soit 2033 euros par tunnel), prélève des impôts en nature et décide de ce qui peut être importé via le réseau de près d’un millier de tunnels. A chacun son découpage de fortune de l’espace !

 Flash back du journalisme philosophique : reportage début  2009 dans Gaza dévastée. Dans les rues de Jabaliya, les enfants ont trouvé un nouveau divertissement. Ils collectionnent les éclats d’obus et de missiles. Ils déterrent du sable des morceaux d’une fibre compacte qui s’enflamment immédiatement au contact de l’air et qu’ils tentent difficilement d’éteindre avec leurs pieds. « C’est du phosphore. Regardez comme ça brûle ». Sur les murs de cette rue, des traces noirâtres sont visibles. Les bombes ont projeté partout ce produit chimique qui a incendié une petite fabrique de papier. « C’est la première fois que je vois cela après trente- huit ans d’occupation israélienne », s’exclame Mohammed Abed Rabbo. Dans son costume trois pièces, cette figure du quartier porte le deuil. Six membres de sa famille ont été fauchés par une bombe devant un magasin, le 10 janvier. Ils étaient venus s’approvisionner pendant les trois heures de trêve décrétées par Israël pour permettre aux Gazaouis de souffler.

Le cratère de la bombe est toujours là. Des éclats ont constellé le mur et le rideau métallique de la boutique. Le père de la septième victime, âgée de 16 ans, ne décolère pas. « Dites bien aux dirigeants des nations occidentales que ces sept innocents sont morts pour rien. Qu’ici, il n’y a jamais eu de tirs de roquettes. Que c’est un acte criminel. Que les Israéliens nous en donnent la preuve, puisqu’il surveille tout depuis le ciel », enrage Rehbi Hussein Heid. Entre ses mains, il tient une feuille de papier avec tous les noms des morts et des blessés, ainsi que leur âge, qu’il énumère à plusieurs reprises, comme pour se persuader qu’ils sont bien morts[16].

Découpage trancendantal

Notre reportage d’idées en Palestine et en Israël, qui flirte avec les concepts, permet de mieux définir l’Etat comme une découpe transcendantale[17] du lieu politique.  La voiture diplomatique du philosophe, enfant de Marx et de Mao, a, certes, sans doute plus de chance que le taxi collectif du docteur et les bouteilles de Coca-Cola dans ce jeu truqué et encombré de barrages israéliens.  A l’université de Jérusalem et sur son campus apposé à un « mur »[18], Alain Badiou arrive finalement à temps - sans croiser son « meilleur ennemi », Bernard Henri Lévy, parqué avec la presse internationale à la périphérie de Gaza- pour donner une conférence sous l’œil d’une gigantesque vidéo surveillance panoptique plantée sur la colline avoisinante. Il voit de sa chaire de professeur que l’espace est là-bas constamment exposé et pas seulement découpé. Les contrôles capricieux et multiples s’insinuent dans l’existence et compliquent tout déplacement, même le plus anodin. La découpe de l’espace est arbitraire entre Naplouse et Ramallah, parfois anodin et routinier, parfois sévère et rigoureux. Nulle part n’est aussi visible et évident la formule de Hegel sur la philosophie du droit, à savoir : si l’Etat est la plus haute idée du collectif, la plus haute réalisation de son essence est la guerre qui est intrinsèque à la situation. On ne peut parler dans ce cas de bavure ou d’erreur, mais de logique implacable. C’est pourquoi, conclut-il, il faut en finir une fois pour toutes avec la corrélation de la plainte[19] et du sacrifice qui obscurcit la question politique de l’émancipation. L’ironie et la distanciation sont aussi nécessaires bien que difficiles à exercer dans un tel contexte.

Décor Potenkime là où le reporter ne l’attend guère mais qui illustre mieux que tout discours ou démonstration péremptoire la situation des Palestiniens.  Avec les tristes zèbres au «zoo de la Joie» de la bande de Gaza. Deux ânes peints en noir et blanc tentent en vain de tromper leur monde dans le modeste parc animalier de Mahmoud Barghouti. Les zèbres authentiques sont morts de faim, comme la plupart des autres animaux. Le propriétaire aurait pu importer des remplaçants par les tunnels de contrebande reliés à l'Égypte, où transitent des vaches et des voitures en pièces détachées. Mais les équidés sauvages auraient coûté 20 000 euros pièce, si l’on en croit les estimations comptables du directeur qui gère la pénurie. Alors qu'un bourricot autochtone de bonne qualité se négocie à 450 euros. Bien sûr, pour ce prix-là, on n'a qu'un faux zèbre. Mais M. Barghouti est en phase avec la situation économique. Gaza est habituée aux ersatz. Depuis le début du blocus israélien, instauré en 2007 après la prise de pouvoir du Hamas, les boutiques croulent sous les produits égyptiens de mauvaise qualité : cigarettes à goût de foin, prises de courant qui durent trois jours, réfrigérateurs en panne au bout de trois mois. M. Barghouti a repeint ses baudets de rayures avec de la teinture pour cheveux française, «la meilleure», dit-il - mais une rareté à Gaza. La démarche du patron du «zoo de la Joie» n'est sans doute pas dénuée d'humour surréaliste, compris surtout des enfants. «Je sais bien que ce n'est pas un vrai zèbre», a dit Yara el-Masri, visiteuse du zoo, 4 ans et demi.

De la monstration des faits à l’élaboration de concepts

Le journaliste reporter est ici un montreur d’affects alors que l’artiste est un inventeur d’affects, tous deux en rapport avec les percepts ou les visions qu’ils nous donnent. Le reporter d’idées va plus loin en apprivoisant la situation avec quelques concepts pour éclairer l’événement. Il sait aussi que 4577 Palestiniens ont été déchus de leur droit de résidence à Jérusalement-Est en 2008 et que la situation à Jérusalement-Est pèse sur les relations entre Israël et les Européens. A tel point que « s’il doit y avoir une véritable paix, une solution doit être trouvée pour résoudre le statut de Jérusalem comme capitale des deux Etats » selon les conclusions d’un projet de résolution de la présidence suédoise de l’Union européenne prônant le partage de la Ville sainte afin d’endiguer la politique rampante de judaïser entièrement la ville[20].

Palestinien, palestinité, palestinude ? Bien calé dans son fauteuil de député israélien, Azmi Bishara aborde avec réticence ces interrogations existentielles qui renvoient à une situation franchement bancale à connotation nihiliste. « Je déteste ces questions conceptuelles presque anthropologiques » gronde-t-il avant de se lancer. Né dans une famille chrétienne de Nazareth, philosophe formé en Allemagne de l’Est qui enseigna à l’université de Bir Zeit en Cisjordanie, polémiste talentueux,  Bishara a fondé, en 1996, le Rassemblement patriotique démocratique, un parti représenté à la Knesset qui s’efforce de faire la synthèse entre des aspirations identitaires arabes et la pérennité de l’Etat juif. « Le nationalisme palestinien a été un mouvement de réfugiés, il n’est pas né en Cisjordanie ni à Gaza, encore moins parmi les Palestiniens d’Israël, rappelle-t-il. Nous, nous avons vécu une toute autre histoire. » En 1949, ils sont un peu plus de 150 000, restés sur leurs terres au moment de la création de l’Etat d’Israël, alors que la partition de la Palestine et la première guerre israélo-arabe avaient entraîné le départ tragique de plus de 700 000 d’entre eux. « Pendant longtemps, ce fut la chape de plomb : un régime militaire[21], pas de liberté d’expression, pas de possibilité de créer des partis politiques, sans parler des confiscations de terres, raconte le député. Il a fallu se débrouiller avec cette contradiction : être citoyen d’un Etat qui nous niait. ».

Les Palestiniens restés sur place ont-ils attendu la destruction d’Israël, qui figurait au programme de l’Organisation de libération de la Palestine à ses débuts ? Ils ne réclament pas aujourd’hui leur rattachement aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. Et les manifestations à l’annonce de la mort de Yasser Arafat, icône nationale palestinienne, le 11 novembre 2004, ont été autrement plus discrètes dans leurs villes et villages que celles qu’avait suscitées la disparition de Gamal Abdel Nasser. « Les autochtones que nous sommes ne sont jamais déterminés en fonction de l’OLP, rappelle notre symptôme de reporter d’idées. Dans le même temps, nous nous sommes heurtés à une impossible égalité en Israël, puisque la nationalité juive, le caractère juif de l’Etat l’ont emporté sur la nationalité israélienne. »

Il forge et peaufine un nouveau syntagme pour mieux exprimer son idée. Les « Palestiniens d’Israël », une expression qu’il préfère de très loin à celle d “Arabes israéliens “, représentent aujourd’hui un cinquième de la population du pays, et ils se considèrent comme des citoyens de seconde zone. Avec la citoyenneté israélienne, « il est très important de préserver une identité nationale palestinienne, qui est le produit de notre histoire, de notre culture et de notre terre, tout en luttant contre le caractère sioniste de l’Etat israélien, estime-t-il. Nous ne pouvons toujours pas nous sentir pleinement israéliens, et si nous oublions que nous sommes palestiniens, nous courons le risque de nous définir uniquement par des critères confessionnels », qui conduiraient à la cassure entre chrétiens et musulmans. D’autant que, si la guerre de juin 1967 et la conquête de la Cisjordanie et de Gaza avaient indirectement permis de raffermir une culture commune, de part et d’autre de la « ligne verte », la frontière héritée de l’armistice de 1949, « on constate depuis 2002 un mouvement inverse », déplore le député, qui dénonce une implication forte de l’Etat d’Israël pour modifier les relations entre Palestiniens des deux communautés. « Il y a le mur, les check-points, mais également la nouvelle législation contre les mariages mixtes, un ensemble de mesures que j’explique tout autant par les raisons de sécurité que par la peur d’un Etat qui deviendrait binational. » Un Etat d’Israël « de tous ses citoyens », qu’appelle de ses vœux Azmi Bishara, mais qui s’oppose au credo de l’Etat juif.[22]

En reporter d’idées qui a réussi enfin à se débarrasser de ses lunettes idéologiques parisiennes, Alain Badiou se rend vite compte sur place - comme son “ennemi” BHL - de l’impossibilité d’entrer dans Gaza interdit aux étrangers et à la presse internationale afin de tenter de contrôler les images de guerre, tout en sachant que toute bonne image du conflit doit être volée à la propagande officielle. Penser debout, tel est son sage leitmotiv qui apparaît un peu fou dans un tel contexte. La torsion est sans nulle doute une figure centrale de la pensée de notre reporter philosophe. Elle permet de dépasser les rapports traditionnels de fondation, d’englobement ou d’implication. Elle ne donne pas d’emblée une dualité, ou un face à face, que la subtilité des rapports ensuite envisagés ne suffit jamais à dégrossir, et dont on reste dépendant.  A partir de découpages préformés ou enregistrés par l’Etat d’Israël qu’on peut disséquer avec lui en trois temps. 1/ Antagonisme juifs/arabes distillée et alimentée par les deux camps en présence renvoyés dos à dos 2/ Pas de différence religieuse et encore moins de guerre de religion, car on recense pas moins de 30% de chrétiens  chez les Palestiniens. 3/ Pas non plus de réalité et de preuve tangible de deux Etats[23].  C’est une thèse sans avenir car séparée de la réalité, et plus il y a de séparation, plus il y a violence[24]. L’Etat israélien veut être l’Etat de l’autre Etat tandis que dans le camp opposé, Hamas et Fatah en font un enjeu de pouvoir.

Cercle vicieux ou vice du cercle ? 

Déjà, début 2005, Hussein J. Agha, politologue palestinien semblait « plutôt optimiste sur le long terme » et n’était plus certain qu’une solution palestinienne constitue l’avenir. « Il faut explorer de nouvelles pistes pour un avenir commun. Résoudre la question palestinienne  en érigeant un Etat supplémentaire, alors que le monde se globalise, que l’idée d’Etat national se délite, me paraît de moins en moins convaincant. Un Etat de plus, est-ce le moyen le plus sûr d’assouvir l’aspiration des Israéliens à la sécurité et le rêve des Palestiniens : le respect de leur dignité, la liberté, un début de prospérité ? Jusqu’ici, l’Etat-nation a été la réponse dominante à ces questions. Les deux peuples, israélien et palestinien, le veulent. Aujourd’hui, début 2005, l’Etat binational n’est pas plausible. Mais il n’est plus certain que la solution des deux Etats résoudra les problèmes fondamentaux. A savoir : la liberté, la dignité, la reconnaissance mutuelle de l’égalité en humanité[25]. »

Posons bien l’enjeu de la situation née de la « totalité concrète » pour le dire comme Hegel et tenter de saisir cet écart entre la réalité et le concept qui fait partie de la réalité elle-même et justifie l’émergence de notre fiction théorique du reporter d’idées. Les Palestiniens sont neuf millions, mais seulement cinq millions sur leur terre, la Palestine historique, et encore moins, 3,8 millions – dans les territoires aujourd’hui occupés par Israël, qu’ils revendiquent pour créer leur futur Etat. Les Palestiniens vivent éclatés entre ceux «  de l’intérieur » - de la Palestine actuelle-, ceux restés dans l’Etat juif après sa création, en 1948, devenus citoyens israéliens, et ceux de l’exil, dans les pays avoisinants et ailleurs[26]. Un film, un glacis, une gaze qui voile et dévoile de sa transparence la vérité de l’impossible reconnaissance que nous pouvons attendre si nous espérons trouver le moyen de dire « C’est lui ! c’est bien lui » (l’exclamation d’Aristote pour la mimesis) ? Peut-on pour autant prétendre  et soutenir sérieusement que la situation de Gaza bombardée est proche de celles de la Commune de Paris et/ou du ghetto de Varsovie comme l’ont dit certains, dont Badiou lors de son séminaire à  l’Ecole Normale Supérieure ?

Albert Londres déjà !

Pour éclairer ce débat emprunt d’affects et d’idéologie sur la Palestine avenir du peuple juif, précisons d’abord que la figure emblématique du grand reporter, Albert Londres a accompagné le départ des juifs vers la terre promise que l’Organisation sioniste a encouragé et développé depuis le congrès de Bâle de 1897. Petits et grands récits qui peuvent sans doute éclairer l’approche actuelle/inactuelle de l’intellectuel et nous permettre de prendre du recul à l’égard de la situation présente.

Arrivé à Jaffa début 1929, Londres observe l’hostilité qui dresse les Arabes contre les nouveaux venus. : « Sur la rive, les musulmans nous regardent. Ils n’ont pas l’air de vouloir nous tendre les bras ! » A Tel-Aviv, la seule ville au monde cent pour cent juive, qui a poussé comme un champignon en face de la Jaffa arabe, les Juifs que Londres voit ne sont plus ceux qui, enveloppés de leurs caftans, rasaient les murs dans les villes d’Europe centrale, notamment à Prague et à Varsovie. Presque tous sont jeunes. Ils passent « tête nue, rasé, le col ouvert, la poitrine à l’air et le pas sonore (…) Les Juives ont jeté ma perruque aux ordures. Cheveux au vent, elles vont les deux seins en avant. » Les enseignes d’avocats, de dentistes ou de coiffeurs prolifèrent, mais, dans « les colonies » qui se multiplient, « le docteur en droit est devenu terrassier, l’étudiant paysan. Ce casseur de pierres vendait des tableaux à Moscou[27]. »

Chez les six cent mille Arabes, et dont, ajoute Albert Londres, « il convient de publier qu’ils n’avaient pas fait grand chose », l’inquiétude grandit devant les cent cinquante mille Juifs sans cesse rejoints par d’autres. Car les petits massacres ne les intimident plus. « Les Arabes tuaient-ils un Juif, les Juifs tuaient deux Arabes. Deux Juifs ? Quatre Arabes. » Aux yeux du reporter, le destin du nouvel Israël semble fixé : « Tu seras construite », dit le blason de Tel-Aviv ; « du jour de la première pierre, l’Arabe a répondu : « Tu seras détruite. »

Quelques mois après son retour à Paris, en août 1929, des nouvelles tragiques arrivent de Palestine. Son reportage à peine publié, Londres repart pour un bref voyage. Tout a commencé par des manifestations à Jérusalem d’Arabes chantant « La religion de Mahomet défend son droit par l’épée ».  Les Juifs qui étaient dans les rues ont été tués devant une police et une armée britanniques passives. « Les tueries de Hébron et de Safed », en Judée, deux villes arabes où il y a toujours eu une minorité juive, sont plus dramatique encore.

A Hébron, qui compte à l’époque dix-huit mille Arabes, un millier de Juifs, nés dans la ville, tout comme leurs ancêtres, vivent dans le ghetto, où l’on pénètre par une porte entre l’échoppe d’un marchand de babouches et celle d’un boucher. Le massacre s’est déroulé un 24 août.  Ce jour là, des Juifs s’enfuient, prévenus par des voisins musulmans, « tous les Arabes ne sont pas des fanatiques », quelques uns sont cachés par eux. Albert Londres raconte ensuite le sort de la cinquantaine qui se sont réfugiés hors du ghetto, dans la Banque anglo-palestinienne :

« C’était le samedi 24 à 9 heures du matin. Ayant fait sauter la porte de la banque leurs poursuivants leur coupèrent les mains, ils coupèrent les doigts, ils maintinrent des têtes au-dessus d’un réchaud, ils pratiquèrent l’énucléation des yeux. Un rabbin, immobile, recommandait à Dieu ses Juifs : on le scalpa. On emporta la cervelle. Sur les genoux de madame Sokolov, on assit six étudiants de la Yeschibah et, elle vivante, on les égorgea. On mutila les hommes. On outragea en même temps mères et filles de treize à soixante-cinq ans[28]. »

Rassemblement/décentrement. Bien plus que les articles de Joseph Kessel en 1926, ce reportage défend la cause sioniste après avoir défendu les Juifs. Il ne parle pas de l’Allemagne où monte l’antisémitisme, où, quatre ans plus tard, Hitler va arriver au pouvoir, mais il montre que la question des Juifs en Europe couvait déjà et laisse entrevoir les drames que va connaître le Proche Orient[29] : « Fuiriez-vous les pogroms d’Europe pour tomber dans ceux d’Orient ? demande-t-il aux nouveaux venus en Palestine[30]. 

 

La vision improbable d’un seul Etat

Conforté par sa vision du terrain et ses divers contacts sur place dans les deux camps, là-bas, Badiou, réputé pourtant a priori pro-palestinien et mis sur la sellette depuis « Circonstances III » à propos de son déroulé du concept de « juif », nuance  son point de vue théorio-politique en véritable reporter d’idées dont il nie pourtant la fiabilité de fiction théorique, sinon l’existence. Selon notre platonicien-lacanien, la dialectique est le faire apparaître de l’Idée.

« En fait, dit-il il faut partir pour tenter d’en finir une fois pour toutes avec ce conflit de la singularité de la situation plutôt que d’opinions toutes faites. A savoir, jouer sur la multiplicité populaire pour imaginer  et concevoir le syntagme impensable pour beaucoup d’une Palestine israélienne, c’est-à-dire la fiction politique d’un seul Etat[31] dans lequel juifs et arabes puissent vivre en paix et ensemble. Enfin. Pour parvenir à cela, il faut arriver à ce que la population se tourne vers elle-même. A Naplouse fin 2008, j’ai connu et vu un Cercle des Lumières qui milite pour un rassemblement populaire en éclairant la situation où les gens n’ont aucune raison valable de ne pas vivre ensemble. En ce sens, la laïcité est une vraie question en Palestine : ce sont les laïcs des deux camps qui seront décisifs pour la paix. J’ai vu sur place un radicalisme israélien anti-militaire et la volonté palestinienne de dépasser l’opposition typique (Hamas/Fatah) du monde arabe contemporain[32]. C’est rassurant en un sens et c’est pourquoi il faut soutenir  que la population toute entière vit sans Etat légitime qu’il s’agisse d’un Etat militaire avec une armée sur-équipée ou du fantôme d’Etat sans moyens à la remorque des autres [33] ».

David Neuhaus, inlassable bâtisseur de ponts entre Arabes et Israéliens, pourrait figurer en bonne place dans ce Cercle des Lumières. De parents juifs, installés en Afrique du Sud après avoir fui l’Allemagne et le nazisme en 1936, il est venu à Jérusalem à l’âge de 15 ans, envoyé par son école privée de Johannesburg. C’est à cette occasion qu’il rencontre sa « mère spirituelle », la mère abbesse de l’église Sainte-Marie-Madeleine, une religieuse russe orthodoxe très âgée. Croisement de l’idée et de l’événement : sa trajectoire est désormais toute tracée. David fait part de ses intentions à ses parents qui ne comprennent pas comment il peut rejoindre « le camp des loups, les chrétiens qui ont persécuté les juifs pendant des siècles ». Devenu Israélien, il promet d’attendre dix ans avant de s’engager. Dix années au cours desquelles il va étudier à l’Université hébraïque de Jérusalem, lire les Evangiles et même étudier dans une yeshiva (école tamuldique) pour être sûr de la voie choisie.  Baptisé en 1988, il choisit d’entrer chez les jésuites, « ces juifs de l’église », comme il le souligne, parce qu’ils laissent « plus de place à l’individu, à l’esprit critique, à l’intellect ». Ses études l’amènent aux Etats-Unis, en Egypte, en France et en Italie, et s’achèvent avec une licence pontificale en Exégèse. Il enseigne aujourd’hui cette discipline au séminaire de Beit Jala, près de Bethléem et à l’Université catholique de cette même ville. A 47 ans accédant à la fonction de vicaire pour les catholiques d’expression hébraïque, David Neuhaus n’a pas abandonné un engagement ancien en faveur de « la justice et de la paix en Israël-Palestine ». pendant de longues années, il a milité dans des organisations des droits de l’homme. Il était un prêtre engagé, mais, aujourd’hui, ses fonctions l’obligent à plus de discrétion. Ce combat, il l’a commencé dès son adolescence en Afrique du Sud. Il militait contre l’Apartheid et donnait des cours à des Noirs privés d’écoles après les émeutes de Soweto en 1976.

Quel parallèle dresse-t-il entre les deux situations ? « En Afrique du Sud, l’idée principale était la séparation. Ici, on veut faire disparaître les Palestiniens. On les encourage à partir. » Sa mission principale est d’établir des ponts car « les gens vivent dans leur peur, dans leurs convictions qui sont basées sur des stéréotypes, dans ce complexe de victimes. Je passe d’un côté à l’autre pour dire aux Israéliens que les Arabes ne sont pas des monstres et aux Arabes que les Israéliens ne sont pas, eux non plus des monstres. Pour l’instant, nous avons échoué » reconnaît-il avant d’ajouter : « Je me souviens que 1985, en Afrique du Sud, fut une année particulièrement dramatique. Qui aurait pensé que moins de dix ans plus tard, l’Apartheid serait aboli ? C’était indispensable ! » Pour David Neuhaus, tous les conflits « décentreurs » finissent par se terminer. Il espère que le travail entrepris par les défenseurs de l’homme changera les mentalités. Alors, bien que les chrétiens soient de moins en moins influents sur ces terres déchirées et que les laïcs commencent à avoir droit de cité , l’ecclésiastique parlant hébreu et arabe rêve d’être un trait d’union. Il est convaincu qu’ « actuellement, l’attitude de refus persiste car le conflit reste « bon marché. Quand le prix à payer sera trop élevé, des solutions vont émerger[34] ».

On n’en est, hélas, pas là[35]. Pas dupe et connaissant ses classiques marxistes[36], notre reporter philosophe Badiou en Palestine et Israël rapporte et saisit la présence d’une loi sans loi, avec dénégation de ce qui constitue une règle[37] et reporte une figure particulière de la théorie de Clausewitz sur le rapport de la montée des extrêmes. Baril de poudre en Moyen Orient comme les Balkans à la veille de la première guerre, après l’assassinat en 1914 de l’archiduc autrichien par le Serbe Prinzcip. « Tout cela revient à tenter d’affirmer une existence sans référence à une composition chronique d’identités[38]. On peut craindre aussi que cette figure fantoche de l’Etat qui est celle de l’Egypte, avec son gouvernement corrompu face à une opposition islamique intransigeante, ne soit sans doute pas le meilleur allié pour jouer les médiateurs efficaces dans ce conflit entre Palestine et Israël.[39] »

Avec le recul, une vérité s’impose : la stratégie médiatique choisie par les dirigeants israéliens n’aura pas fonctionné. Pire encore : elle se sera retournée contre ses initiateurs. A posteriori, ces derniers risquent de faire figure de gribouilles. Pour la première fois en effet, Israël avait fait un choix radical : celui d’interdire le théâtre des opérations à la presse étrangère. Faisant cela, l’état hébreu voulait éviter la diffusion à travers le monde d’images sanglantes, accusatrices, politiquement explosives. Rarement un conflit aura donné lieu à un tel déluge de séquences terribles, de scènes effroyables avec corps d’enfants déchiquetés et femmes hurlant leur chagrin dans les ruines. Comment les israéliens ont-ils pu commettre une telle bévue ? Comment ont-ils pu oublier une telle vérité première : le marché international des images n’est plus contrôlable. Nul ne peut verrouiller l’information audiovisuelle comme autrefois.  Sauf à brouiller toutes les antennes radio et les circuits internet. Et encore, même dans ce cas, un blocus hermétique des images serait d’autant moins possible qu’il se trouverait toujours des particuliers pour diffuser des vidéos sur Internet. Songeons aux vains efforts des dirigeants chinois au Tibet…

« Penser, c’est toujours suivre une ligne de sorcière »[40], notamment ici si l’on suit le rapport entre la faiblesse et la force qui avait tant fasciné Nietzsche. Alain Badiou, reporter qui s’ignore mais sait que le propre du concept est de rendre les composantes inséparables de lui, voit là-bas une monstration de la faiblesse qui en constitue une force. A savoir, le sentiment qu’on n’est absolument pas contraint par la situation. Le concept dit l’événement, non la chose. Un signe qui pourtant ne trompe pas et reporté plus tard par le journaliste : « Dans les quartiers et les villages les plus détruits de la bande de Gaza, il est très rare de trouver des douilles de kalachnikov sur le sol. Ce qui conforte l’idée émise par la plupart des experts militaires indépendants : le Hamas s’est très peu battu. Ses combattants préférant se terrer, il a dès lors subi très peu de dégâts, ce qui explique aussi les pertes très limitées de l’armée israélienne : dix soldats tués, dont quatre par des « tirs amis ». C’est donc essentiellement la population civile qui a été sous le feu de l’armée israélienne[41]. »

Interdit de Gaza, le normalien professeur émérite « voit » l’université Al Qods de Jérusalem ouverte aux étrangers, aux femmes, etc., qui montre sa diversité malgré le mur contigu et l’oppression manifeste pour les civils, comme nous avons pu aussi déjà le constater il y a une décennie en voyant un père de famille allant dans la Ville sainte, entre deux alertes et sur le qui-vive, au restaurant avec ses enfants et sa kalachnikov…  Certains écrivains reporters possèdent l’immense privilège de pouvoir se dépayser aussi souvent qu’ils le désirent[42]. Tout chambouler, fermer la porte, passer d’un univers à l’autre pour mieux entrer dans le « vif du sujet » de l’époque, « porter la plume là où ça fait mal ».  Dans Gaza en ruine avec son université d’Al-Azhar qui a aussi souffert du siège, l’armée israélienne continue « la politique du fou » chère à Richard Nixon  et bien analysée par Noam Chomsky[43], à savoir convaincre l’adversaire, le Hamas, qu’on peut faire n’importe quoi, qu’on n’a pas de norme et encore moins d’éthique. Le fort écrase le faible et montre sa puissance au monde : logique de guerre qui s’inspire  d’une sorte de dissymétrie de la puissance. Sous le déluge des armes s’inscrit le principe d’illimitation inaugurée en 1945 lors du lâchage de deux bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki. Outre le concept d’état scélérat ou voyou qui a remplacé aujourd’hui l’ennemi communiste, les Etats dits « éclairés » comme les Etats-Unis et son allié Israël développent la « théorie du fou » pour se faire craindre et obéir. « Nos ennemis doivent comprendre que nous sommes des fous imprévisibles, détenteurs d’une incroyable force de frappe ». Par exemple, l’armée américaine en Irak  comme l’armée israélienne à Gaza ont interdit ou retardé le passage des ambulances. Cette « politique du fou » est d’autant plus simple à mettre en pratique que les Etats dits « éclairés » se placent volontiers hors de la loi internationale, par exemple en violant la chartre des Nations-Unies lors de l’intervention en Irak.

Comme Serge Moati  qui, sur Arte qui consacra, en avril 2009, une journée spéciale à la Ville sainte, s’improvise « Promeneur de Jérusalem », Alain Badiou arpente le terrain entre deux barrages et serpente entre la Cisjordanie et Israël. Il donne aussi une conférence à l’université Al Qods de Jérusalem où étudiants palestiniens et israéliens l’écoutent religieusement évoquer l’idée d’un seul Etat laïc où ils pourraient tous cohabiter en faisant l’économie de la terreur. Même si, ici comme ailleurs, les luttes de pouvoir n’épargnent pas les universités palestiniennes qui accueillent 120000 étudiants et subissent les dysfonctionnements récurrents occasionnés par la présence de l’armée israélienne, Tsahal.

Notre reporter d’idées n’a pas (encore) visionné le film franco-palestinien d’Eli Suleiman « Le Temps qu’il reste » qui relate, de 1948 à nos jours, l’histoire d’Israël et des Palestiniens, à travers la chronique intime d’une famille. Ironie du sort des hommes arbitrairement opposés : après avoir sauvé un soldat israélien d’une explosion, le père d’Elia est hospitalisé à côté de lui, mais séparée par un rideau… Scène qui annonce celle du rêve où Elia saute à la perche par dessus le mur séparant Israël et les « territoires ». Le film cultive une forme d’insurrection par l’esprit, entendez cette façon d’avoir de l’humour avec mauvaise humeur : il traque les instants où les ennemis se trouvent un langage commun, notamment le silence qui est à la fois une arme (une manifestation de désapprobation) et un moment de partage[44]. On est saisi par ce qu’exhume de souffrance cet échange de réplique entre un soldat israélien et un Palestinien :

-Rentre chez toi !

- Toi, rentre chez toi ! »

Tandis que sur Arte, on cède volontiers à l’humour intelligent et espiègle de l’afro-Palestinien Ali Jiddah, ancien militant du FPLP, qui a passé dix-huit ans dans les prisons israéliennes. Cet utopiste compare le Hamas aux extrémistes de la droite israélienne, et rêve comme Badiou d’un seul Etat pour les deux peuples ! Quant à la Palestinienne Huda al-Iman, professeur à l’université Al Qods, elle ne cache pas sa tristesse : malgré sa carte d’identité israélienne, elle ne peut se déplacer hors de la ville. Elle aussi souligne sa préférence pour une Etat laïc. Dans la bande de Gaza qui abrite trois établissements universitaires, la coupure des routes entre le Nord et le Sud perturbe régulièrement les cours. Dans cette société éclatée[45], l’université islamique, la plus performante, a cherché des parades en installant des antennes dans le sud du territoire ou en finançant des logements dans la ville de Gaza dont les murs n’ont guère résisté au bombardement sans limite. La violence de l’actualité est inoculée ici dans la vie quotidienne. Ce vaccin de l’information - comme les ruses de Mithridate pour maîtriser le poison  dans son corps - conjure le sceptre de notre fragilité devant le terrorisme résistant. Concernant le pilonnage de Gaza, les télévisions du monde entier, privées du travail de leurs envoyés spéciaux –cantonnés à la périphérie du territoire-, n’ont eu d’autres choix que de reprendre les reportages diffusés par les chaînes arabes, et notamment Al-Jazira. Ce sont bien ces images qui ont circulé pendant des semaines d’un bout à l’autre de la planète. Avec l’effet ravageur que l’on sait. La censure imposée aux télévisions occidentales a donc eu l’effet inverse de celui recherché par Israël. Les images effrayantes venues des équipes arabes présentes sur place étaient sans doute mise en scène à dessein, mais il n’empêche qu’elles montraient des choses tragiquement vraies. Dans ce contexte, la bataille médiatique était perdue d’avance. Que pesaient les sempiternels reportages dans la ville de Sdérot recevant quelques roquettes, notamment sur les écoles, au regard des bombardements massifs de Gaza, tels qu’ils étaient montrés à l’ensemble du monde extérieur ? La disproportion était telle que l’effet symbolique se retournait aussitôt contre Israël. La leçon est simple : il faut se faire à cette réalité médiatique nouvelle : on ne peut plus verrouiller ni même filtrer l’information[46]. Faute de pouvoir censurer, il faut prendre l’habitude de mieux réfléchir devant le flux des images qu’on nous déverse à profusion. Est-ce un problème ?[47]

Trois documentaires diffusés récemment à la télévision méritent le détour, alors que l’actualité ingérée à haute dose, voire en overdose, risque de nous piéger dans une relation au réel faite de honte et de compromis. L’inédit de Pierre-Henri Salfaty « Jérusalem(s) » suit deux guides : une israélienne et une arabe. Chacune interprète l’histoire à sa manière… Un troisième, musulman, reste un peu en retrait… Entre les murs du Saint-Sépulcre, coptes, Grecs, syriaques, Arméniens et franciscains se querellent sur la tombe de Jésus… Le gardien, lui, est musulman. Le plus drôle et le plus fou est le « syndrome de Jérusalem ». Il touche de plus en plus d’illuminés qui se prennent pour le Messie. La légende dit que, lorsque la Porte Dorée, murée par l’Empire Ottoman s’ouvrira, le Messie pourra arriver…

Mais poursuivons notre reportage d’idées avec Liran Atzmor et son « Mai 1948, la bataille de Jérusalem ». A l’aide d’archives exceptionnelles, on découvre la première guerre israélo-arabe. Jack Padwa, un Britannique de 92 ans, visionne une bobine du premier film pionnier qu’il a produit dans les années 1950, « Colline 24 ne répond plus ».  Il raconte l’enthousiasme qui régnait lors du tournage. Deux photographes, qui ont immortalisé ce premier conflit, ne sont plus de ce monde. John Philipps, envoyé spécial de « Life Magazine », a filmé les juifs de la Vieille Ville et leur reddition. Quant à Ali Za’arur, natif de Jérusalem, il a filmé cette bataille décisive côté jordanien. Son fils montre aujourd’hui les 380 négatifs qu’il a bien cachés. Sur ces vieilles photos apparaît l’embryon du conflit israélo-palestinien. Affect/percept. La tristesse du fils Za’arur est bouleversante lorsqu’il parle d’un album photo, volé durant la guerre des Six-Jours en 1967. Ce dernier a été retrouvé aux archives du ministère de la Défense israélien, qui vient de le restituer à son propriétaire.

Hétérotopie en Cisjordanie sur fond de consultations particulières : depuis 1988, des médecins juifs et arabes, réunis au sein d’une association israélienne, soignent ensemble les Palestiniens des territoires occupés. Certes, le gouvernement israélien considère d’un oeil critique cette association de “gauchistes humanitaires[48]”.Cette caravane insolite comprenant 70 praticiens parmi les plus assidus suscite d’interminables tracasseries sécuritaires. La vocation de Physicians for Human Rights (Médecins pour les droits de l’homme) n’est pas facile à expliquer à des militaires habitués à considérer tout Palestinien comme un terroriste en puissance : des juifs qui veulent soulager les souffrances du peuple palestinien, c’est suspect… Par chance, les deux minibus ne seront pas retenus longtemps au check-point de Bethléem. Le professeur Raphi Walden, qui en est la cheville ouvrière insiste sur la mission de l’association de présenter un visage moins manichéen de la société israélienne et des relations israélo-palestinienne. “Notre démarche est humanitaire, mais aussi politique : en manifestant notre solidarité avec le peuple palestinien, nous voulons montrer que les Israéliens ne sont pas tous comme ceux que les habitant rencontrent aux checks-points, l’arme à la main”.

Visibilité/Invisibilité bis repetitas autour de ce conflit endémique. Sur Internet, au Monde.fr, les sujets « Proche-Orient » sont « prémodérés » - relus attentivement avant publication. Les autres a postériori. Au Figaro .fr toutes les réactions des internautes –pas seulement les sujets brûlants – sont vérifiées avant leur mise en ligne. Pour éviter les débordements, Yahoo ! a renoncé aux forums de discussion « Israël » et « Palestine ». Il faut clinquer sur l’onglet « Afrique » pour découvrir que ses internautes en débattent quand même sous le titre provocateur « Le bon côté du génocide de Gaza ». Un tel vocabulaire est banni ailleurs ou n’y fait pas long feu, alors que chez Yahoo ! la discussion sur ce prétendu « génocide » se poursuit depuis janvier 2009[49]. En 1998, les salafistes palestiniens[50] ont créé une chaîne de télévision, El Rissala (La Vocation, Le Message). Si elle diffuse des chants religieux, des images de la première Intifada et de la guerre en Tchétchénie, aucune carte de Palestine n’y apparaît. Lapsus significatif ? Symptôme de l’inflation de l’anti-terrorisme ? Le vrai terrorisme est sans doute du côté de l’Etat qui vise à créer une opinion craintive. La norme n’est pas transitive à la description analytique, dans la mesure où, si l’on est platonicien comme Badiou, l’analytique ne contient pas son principe, à savoir que tout Etat, même s’il se prétend démocratique, est par principe terroriste et corrompu. CQFD.

« L’information permanente construit un présent qui veut oublier le passé et qui ne donne plus l’impression de croire en un avenir, notait déjà le situationniste Guy Debord. Cette construction d’un présent immobile est obtenue par l’incessant passage circulaire de l’information. Celle-ci revient à tout instant sur une liste très limitée de mêmes événements annoncés passionnément comme d’importantes nouvelles. Dans le même temps, ne passent que rarement et brièvement les nouvelles effectivement importantes. »

D.C.



[1] Gilles Deleuze « Pourparlers 1972-1990 », op. cité,  p.192.

[2] Dans Circonstances III, Alain Badiou assène quelques vérités contestables qui se veulent définitives, du style : « Israël est un pays où il y a de moins en moins de juifs ».

[3] A ne pas confondre avec la plainte et le sacrifice.

[4] Fabien Tarby « La philosophie d’Alain Badiou », op. cité, p. 272.

[5] Le principe de l’illimitation a été inauguré par les Etats-Unis avec les bombes lancées à la fin de la guerre 1939-1945 sur le Japon.

[6] Gilles Deleuze « Ce que la voix apporte au texte » in « Deux régimes de fous. Textes et entretiens 1975-1995 », Paris, Minuit, 2003.

[7] Le Monde 8 janvier 2005, p. III

[8] Laurent Zecchini “Nous resterons ici jusqu’à l’éternité” Le Monde 6 octobre 2009, p. 3.

[9] Laurent Zecchini “Fête de la bière… en Palestine”, Le Monde 6 octobre 2009, p. 3.

[10] Ibid. p. III

[11] Gilles Deleuze « Qu’est-ce-que la philosophie ? », op. cité, p. 159. Il précise un peu plus loin : Les affects sont précisément ces devenirs non humains de l’homme, comme les percepts (y compris la ville) sont les paysages non humains de la nature ».(p. 160). « L’affect ne dépasse pas mois les affections que le percept, les perceptions » (p. 162)

[12] Reportage de Laurent Zecchini « Le « mur » ou la misère, le dilemme de Nidal, travailleur palestinien clandestin », Le Monde 14 nov. 2009, p. 8.

[13] Ibid. p. 8

[14] Laurent Zecchini « Bataille juridique autour de l’usage d’une route en Cisjordanie », Le Monde 2 janvier 2010, p. 5.

[15] Reportage de Laurent Zecchini, envoyé spécial à Gaza. Le Monde 14 octobre 2009. “Maintenant, ils étranglent la mer”, déclare Nizar Ayash du syndicat des pêcheurs qui recense plus de deux cents incidents, vingt blessés et quatre pêcheurs tués depuis la fin de la guerre de Gaza.

[16] Michel Bôle Richard « Ruines, pleurs et deuil : dans Gaza dévastée », reportage à la une du Monde 22 janvier 2009, repris dans le numéro anniversaire « 20 000 jours à la « Une » » du Monde 15 mai 2009.

[17] La notion de monde traite de la consistance relationnelle, de l’apparaître. Transcendantal nomme donc les opérateurs de l’identité entre logique et apparaître. Un monde ne se réduit pas à sa multiplicité, qui cependant est bien son être même, et suppose en même temps une organisation transcendantale, si on suit le dernier Badiou de « Logiques des mondes », tome 2 de « L’être et l’événement » qui tient compte des objections constructives du tome I.

[18] Le film presque muet de Georgi Lazarewski « Le Jardin de Jad », diffusé sur Arte en avril 2009, restitue le morne quotidien d’une maison de retraite, « Notre Dame des Douleurs », côté palestinien. Les journées de ses pensionnaires, touchants, sont ponctuées par des petites scènes anodines, centrées sur le « mur ».  Silences compris et plus significatifs que les lamentations.

[19] Précisons pour éviter toute ambiguïté conceptuelle et sans être foncièrement nietzschéen pour autant que la plainte ne s’incarne pas plus dans la protestation humanitaire que dans l’idéologie du martyr.

[20] Le Monde 4 décembre 2009, p. 9.

[21] Jusqu’en 1963.

[22] Patrice Claude « Les Palestiniens d’Israël ont vécu une tout autre histoire que les réfugiés », Le Monde 8 janvier 2005, p. VI.

[23] Dans son ouvrage « Du Shah au Shah », Kapuscinski analyse bien le problème dialectique de la décomposition de l’appareil étatique dans l’Iran de la fin des années 1970, c’est-à-dire le moment symbolique de la mort du Shah d’Iran qui incarne alors le pouvoir comme mort-vivant.

[24] A ce sujet, Zizek aime citer le mot de Benjamin : « Le fascisme est le signe latent de l’échec de la révolution ».

[25] Fin de l’interview de Hussein J. Agha, Le Monde 8 janvier 2005, page VIII.

[26]Pour en savoir plus, consulter Le Monde 8 janvier 2009. A l’occasion de l’élection, le 9 janvier 2005, du nouveau président de l’autorité palestinienne,  le journal de référence bien diffusé à l’étranger avait cherché à comprendre dans un dossier encore d’actualité de huit pages intitulé « Les Palestiniens, une société éclatée », le quotidien de la société palestinienne, sa structure, ses espoirs et ses difficultés, et l’état d’esprit de ceux qui la constituent, plus diversifiée qu’on ne l’imagine. A comprendre aussi, les évolutions parmi les Palestiniens « de l’extérieur ».

[27] Le Petit Parisien » 24 octobre 1929.

[28] Ibid., 28 et 30 octobre 1929.

[29] Marc Martin » Les Grands reporters », op. cité,  pp. 274-276.

[30] Le Petit Parisien 24, 26 et 27 octobre 1929.

[31] Hussein J. Agha, politologue palestinien, chargé des études sur le Proche-Orient au St Antony’College de l’université d’Oxford : « Imaginons deux Etats : ils ne seront pas égaux. Le palestinien devra être démilitarisé. Ca ne me scandalise pas. Mais reste une question : pourquoi devrai-je être démilitarisé alors qu’Israël, la Jordanie, la Syrie, l’Egypte ne le sont pas ? Pourquoi exiger de moi ce qu’on n’exige pas des autres ? Pourquoi ne pourrai-je avoir le plein contrôle de mes nappes phréatiques ? Si je suis un réfugié, pourquoi ne puis-je présenter mes papiers prouvant que j’avais des biens en toute propriété en Israël ? (…) Ainsi pensent les gens. Cette situation crée de la frustration, de l’amertume, de la rage. Il faut commencer par reconnaître l’égalité en dignité des Palestiniens. C’est le fond du problème. Et ces questions se perpétueront même si un Etat palestinien est créé. » in Le Monde 8 janvier 2005, dossier cité, page VIII.

[32] Patrice Claude « Mountzer Al-Zaïdi l’Irak à ses pieds », Le Monde 20 février 2009, p. 3. « C’est sans doute une régression, mais pour exprimer le rejet d’une politique ou d’un politicien, la télévision a démontré une fois pour toutes qu’une galoche bien ciblée valait mille clichés d’horreurs ».

[33] Alain Badiou Séminaire « Platon aujourd’hui », 20 janvier 2009, ENS, 29 rue d’Ulm.

[34] Michèle Bôle-Richard « Le vicaire David Neuhaus, bâtisseur de ponts entre Arabes et Israéliens », Le Monde 13 mai 2009, p. 6.

[35] Au 4e jour de sa visite en Terre sainte, Benoît XVI a lui aussi condamné en Cisjordanie le mur érigé en Israël. Dans le camp de réfugiés d’Aïda, le pape a jugé « tragique de voir des murs continuer à être construits dans un monde où les frontières sont de plus en plus ouvertes » Au moment de prendre congé du président de l’Autorité palestinienne, Mahmound Abbas, il a jouté : « J’ai vu le Mur qui fait intrusion dans vos territoires, séparant des voisins et divisant des familles. Bien que les murs puissent être facilement construits, nous savons qu’ils ne subsistent pas toujours. Ils peuvent être abattus. In » Le Monde 15 mai 2009 p. 5 Stéphanie Le Bars « A Bethléem, le pape a su toucher les Palestiniens ».

[36] Il faut éviter, note justement Badiou le piège anti-philosophique dans lequel tombe Marx dans « l’Idéologie allemande » des années 1840-1850, piège qu’il évite dans « Le Capital » sur le fétichisme de la marchandise et le problème de la représentation..

[37] Ainsi, l’élection du Hamas viole cette loi sans loi non écrite des Etats « éclairés », car ne doit être élu que celui qui doit être élu c’est-à-dire le bon (le Fatah) qui a été choisi par les grandes puissances qui tirent les ficelles de ce conflit.

[38] « Identités surmontées » dirait Hegel.

[39] Ibid. Paroles volées au cours du Séminaire ENS du 20 janvier 2009.

[40] Gilles Deleuze, Félix Guattari «Qu’est-ce-que la philosophie ? », Paris, Minuit, 1991, p. 44.

[41] Jean-Pierre Perrin « Gaza le bilan qui accable Tsahal », Libération 6 février 2009 p. 6. Outre 1285 morts, dont 70% de civils et 4336 blessés, 24000 à 4000 maisons ont été entièrement détruites et 17000 autres endommagées sur la bande de Gaza, selon les diverses estimations dignes de foi.

[42] Par exemple, Jean Cuisenier, ethnologue, helléniste et navigateur, a consacré sa vie et deux expéditions en Méditerranée à tracer le voyage d’Ulysse. Il déclare : « Pour nous, l’ « Odyssée » dessine une figure de l’homme contraint d’aller toujours plus loin, d’affronter des terres et des mondes inconnus : c’est son destin. Ulysse l’homme aux mille tours, est l’archétype de notre humanité aujourd’hui embarquée dans des navigations incertaines vers des mondes futurs aux contours flous, et nous vivons dans l’espoir de nous retrouver chez nous, comme Ulysse retrouve Ithaque, son fils, son épouse et son père. » Le Nouvel Observateur 17-23 juillet 2008 « J’ai navigué avec Ulysse », propos recueillis par Jean-Paul Mari, p. 20.        

[43] « De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis”, Marseille, Agone, 2001.

[44] Jean-Luc Drouin ”Etre drôle et facétieux sur fond de tristesse infinie”, Le Monde 12 août 2009, p. 16.

[45] « Etre chez soi ? c’est une question très difficile pour n’importe quel Palestinien », déclare Rashid Khalidi, historien, auteur de « L’Identité palestinienne » (Ed. Fabrique), et détenteur de la chaire Edward-Saïd à l’université Columbia de New York. Mais il ajoute immédiatement et plus subtilement en bon reporter d’idées qui se respecte : « C’est une question difficile aussi pour les Américains. On n’a pas la même notion de racines qu’en Europe ou dans le monde arabe. ». Le monde 8 janvier 2005 p. VII.

[46] Souvenons-nous que, le 30 décembre 2006, les chaînes françaises avaient décidé, légitimement, de ne pas diffuser les images de la pendaison de Saddam Hussein. Or, dans le quart d’heure suivant, elles étaient vues par le monde entier… via Internet.

[47] Pour en savoir plus, Lire la chronique « Ecouter voir » de Jean-Claude Guillebaud « Déroute d’une censure » TéléObs 24-30 janvier 2009, p. 66.

[48] Laurent Zecchini “Consultations particulières” Le Monde 24 décembre 2009, p. 3.

[49] Bertrand Le Gendre « Modérateur du Net un job d’avenir », Le Monde 24-25 Mai 2009 p. 34.

[50] Bernard Rougier, auteur du « Jihad au quotidien (Paris, PUF, 2004),  y explique entre autres  la progression des jihadistes parmi les jeunes réfugiés et évoque le concept de « déterritorialisation » de la lutte pour la Palestine. A savoir que pour nombre de Palestiniens des camps qu’il a rencontrés, les questions politiques ne sont plus liées au territoire. Ce qui a pour conséquence que l’ennemi n’est plus seulement israélien pour ces jeunes réfugiés : ainsi, l’Afghanistan a été pour eux un combat de substitution, une guerre tant contre le communisme que contre leurs régimes, qu’ils jugent leur avoir fermé la possibilité de lutte contre Israël. Des « entrepreneurs identitaires » religieux proposent aux jeunes une nouvelle définition de soi. La Palestine « disparaît » territorialement pour être restituée dans un projet global et un continuum géographique indifférencié. « Pour ces militants, la date de 1948 ne fait plus sens. Dans leur réécriture mythifiée de l’histoire, la rupture survient en 1924, avec l’abolition du califat par Kemal Atatürk. Une image fantasmée du califat leur permet d’éluder toutes les formes d’attachement territorial ». Au fond, ce qui s’y passe est du même ordre qu’en Afghanistan, en Bosnie ou en Tchétchénie. Lire aussi son interview avec Sylvain Cypel « Camp du Liban : la poussée salafiste », Le monde 8 janvier 2005, p. VII.

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envue

Tango argentin… et maternité!

envuejanvier2015

Dieu que c’est beau une femme qui danse, et les rondeurs de maternités visibles à l’œil, n’enlèvent rien à la grâce des mouvements et des corps, peut-être même qu’elles rajoutent une sorte de sensualité à la beauté, et l’on va jusqu’à oublier devant les jeux de jambes et les hanches qui bougent, que ces femmes qui dansent le tango comme des amoureuses, sont enceintes de plusieurs mois parfois.

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Les femmes sont magnifiques et la grâce insoumise !

Par Louise Gaggini

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Je devrais vous parler politique et économie, Corée du Nord, Poutine, Hollande, mais je n’ai qu’une envie c’est de parler des femmes, qui en ce mois de mars sont mises à l’honneur, un jour, un seul pour dire ce qu’il en est de nous, de nos filles, de nos grand-mères, de nos sœurs…

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Ma chaîne de théâtreluccini

Fabrice Luchini & Pierre Arditi

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29 Décembre 2015 par Louise Gaggini
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Inferno ou l'enfer de Dante

de Dan Brown

 

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Dan Brown mêle avec brio l’histoire, l’art, les codes et les symboles. En retrouvant ses thèmes favoris, Dan Brown a certainement construit l’un de ses romans les plus stupéfiants, au cœur des grands enjeux de notre époque.

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30 Décembre 2015 par redaction
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