Les troupes françaises accueillies comme des libérateurs du Mali
Y aurait-il de bonnes nouvelles du front ? Au delà des débats sur la Françafrique et sur l'uranium du Niger, certains se félicitent de l'intervention française au Mali, les habitants de Diabaly notamment.
Peu de temps après que les troupes françaises aient sécurisé la ville malienne de Diabaly, repoussant les rebelles islamistes qui l'avaient saisie cinq jours plus tôt, est arrivé sur place le journaliste Sudarsan Raghavan du Washington Post. Dans sa dépêche envoyée de Diabaly, il présente un certain nombre de résidents qui semblent reconnaissants de l'intervention militaire, citant à la fois la cruauté des rebelles et le manque de victimes civiles de l'assaut français. En ce moment et dans cette ville, au moins, les Français semblent être traités comme des libérateurs plutôt que comme des occupants étrangers. La prise de Diabaly par les troupes françaises, la ville la plus méridionale que les djihadistes aient atteint, marque le début de la poussée de la France dans le territoire tenu par les rebelles :
Selon des habitants, aucun civil n'a été tués dans les frappes aériennes, malgré leur proximité des zones civiles. Et même ceux qui ont été blessés semblent accepter les bombardements comme le seul moyen de chasser les rebelles, qui ont fui samedi matin .
"Si nous n'étions pas bombardé, [les militants] auraient tué tout le monde et ils seraient restés dans Diabaly", déclare Barnabe Dakou, qui est retourné en ville avec sa famille le samedi, devant les carcasses calcinées de deux camions devant sa maison.
Les chrétiens, ciblés par les rebelles islamistes, semblent particulièrement heureux de les voir parti. Mais ils ne sont pas les seuls.
Raphaël Dembele, un membre de la minorité chrétienne de la ville, rapporte que les militants avaient passé à tabac un groupe de chrétiens en leur disant qu'ils n'avaient plus le droit de pratiquer leur religion. "Ils ont dit:« Ceci est la manière américaine. Nous n'en avons pas besoin, » se rappelle-t-il.
La plupart des chrétiens qui ont fui la semaine dernière ne sont pas encore retournés en ville.
Les musulmans sont eux aussi inquiets. Les habitants disent qu'ils ne veulent pas que les soldats, surtout les soldats Français, quittent Diabaly ; beaucoup de gens pensent que les militants se cachent dans la forêt voisine.
Mohamed Tounkara, qui est rentré lundi : "Nous ne voulons pas la charia. C'est pourquoi je suis parti avec ma famille. "
Il dit qu'il est reconnaissant à l'armée française, mais a peu de foi dans l'armée de son propre pays, qui l'année dernière a laissé la moitié du territoire du Mali glisser entre ses doigts et mis fin à deux décennies de régime démocratique.
"Si la France reste ici, je fais confiance à leur armée" dit M. Tounkara " honnêtement nous n'avons pas une confiance totale dans notre armée,."
Bien sûr, il n'y a aucune garantie que ce sentiment perdure. La campagne contre les rebelles islamistes, cette première victoire nonobstant, est très susceptible d'être prolongée. Et plus longtemps les troupes françaises restent, plus elles sont susceptibles de voir leur accueil au Mali se dissiper.
Publié par Max Fisher, le 22 janvier 2013 pour le Washington Post