La sexualisation des petites filles passe par le fantasme des parents... Tu seras une princesse ma fille !
par Lucie
Des bébés pris pour des adultes, des petites filles de 7ans qui font la danse du ventre et des mannequins de 10 ans, toutes habillées et coiffées comme des femmes. Tout ça pour qui et pourquoi?
Un fait de société «underground»
Cela fait quelques années maintenant que la «sur sexualisation» des jeunes filles et les messages contradictoires qui leur sont adressés est devenu un débat récurrent.
Après tout, elles entendent qu'il faut travailler dur à l'école mais qu'être jolie est tout aussi, voire plus important. Qu'elles peuvent tout faire, sauf peut-être des maths. Que le sexe c'est excitant et génial mais que vraiment en vouloir, (et en avoir trop) fait d'elles des «salopes». On leur dit de se protéger, mais avoir un préservatif avec elles en fait, là aussi, des filles «légères». Qu'il est important que les hommes aient envie d'elles mais qu'elles ne doivent pas se «donner facilement».
En général, nous blâmons les médias; que ce soit Gossip Girl, la Saga Twilight ou tout autre série ou film à la mode. Le marketing aussi, souvenez-vous des tee-shirts «je suis trop jolie pour faire mes devoirs», retirés de la vente après l'indignation médiatisée de certaines féministes. Les magazines et la publicité aussi qui jouent clairement sur les insécurités des jeunes filles pour leur faire acheter le dernier déodorant encore plus efficace ou la robe qui soit disant leur fera ressembler au mannequin photoshopée qui la présente.
reportage du 20h mini miss
Occasionnellement, un personnage public, parfois même un politique a une sortie malencontreusement sexiste ; nous pouvons alors blâmer les figures d'autorité qui donne le mauvaise exemple, qui sont eux-même un exemple de ce qui ne va pas dans notre société à cet égard.
Et nous y voilà : «la société.»
Ce terme vague qui permet d'englober un peu tout, des jeux vidéos à Dominique Strauss Kahn en passant par Beverly Hills la série, les légos roses et le dernier numéro de ELLE.
Mais la semaine dernière, j'eus une révélation. Tranquillement installée dans mon canapé, je regardais moitié par ennui, moitié par voyeurisme, une énième rediffusion sur le cable : des parents qui font participer leurs enfants, principalement leurs filles, à tous les concours de beauté et de «révélation de talents» imaginables.
Il était d'ailleurs intéressant que l'un des spectacles soit celui d'une école. Et alors que je regardais ces petites filles, parfois en robe de princesse, mais aussi en tenues «dénudées», tournant et dansant en bougeant leur derrière et leur ventre d'une manière tout sauf enfantine, les cheveux brushés, bouclés, laqués facon Rita Hayworth et maquillées outrancièrement, pour être «les meilleures», sous l'oeil attendris et encourageant des parents et grands parents, je me rendis compte que nous étions la fameuse société.
Nous sommes le problème, chacun d'entre nous. Pas les magazines, pas la pub, pas les films. Nous, chaque parent individuellement sommes responsable de l'hyper sexualisation des petites filles et des messages contradictoires qu'elles reçoivent.
7 ans, danseuse orientale
On ne peut blâmer nos adolescentes, ou la société, quand elles se maquillent, s'habillent et se comportent comme Rihana, ou Shakira, quand nous avons nous même chorégraphié des danses aguichantes. Quand nous applaudissons à ce qu'elles remuent leur popotin à l'âge de 7 ans vers une foule d'adultes qui trouvent cela «tellement mignon» ces petites filles qui font comme des grandes.
Gigi, 13 ans, danse comme Shakira
Evidemment, on ne peut empêcher nos enfants de regarder la télé, et si ma fille insiste suffisamment je lui achèterai probablement la Barbie qui dit «je n'aime pas les maths».
Je ne suis pas pour la censure et je ne crois pas possible d'éliminer toutes les influences négatives de la vie de mes enfants. A la rigueur je trouve ça même contre-productif puisqu'ils y seront alors confrontés quand je ne serais pas là pour leur offrir une lecture alternative et critique du monde qui les entoure.
Mais je peux dire non à un spectacle où elle est mise en scène par des adultes et pour des adultes comme un objet sexuel. Je peux ne pas l'emmener aux répétitions, je peux ne pas coudre les costumes de chat qui ressemble à s'y méprendre à une tenue de bunny des années Hefner, et je peux lui expliquer pourquoi. Je peux aussi lui faire prendre des cours de danse ou de théâtre, ou de gymnastique dont le premier prix n'est pas donné à la petite fille qui a le mieux réussi à ressembler à une Lolita déchaînée ou à une princesse qui attend son prince charmant pour s'accomplir.
Et je peux aussi, incidemment, penser encore quand je m'énerve sur GossipGirl et la société parce que mon bout de chou veut un bikini push-up pour aller à la plage cette été. Je suis la société.
Lucie
Les chaînes de télévision ne cessent de diffuser des émissions qui relatent les concours de miss, de beauté, de danse, de chant, de jeunes talents...
Sur une des chaines du groupe TF1, "Mini-Miss"
rediffusion d'une émission Améicaine sur les enfants "miss"