Les 10% : l'autre résultat des expériences de Milgram et Zimbardo...
par Lucie
Dans les années 60 pour Milgram et 70 pour Zimbardo, les résultats des deux expériences de psychologie qu'ils ont menées font frémir le monde; ce qu'elles révèlent de notre nature humaine est proprement terrifiant.
L'expérience de Milgram nous révèle que deux tiers des personnes iront jusqu'à tuer un de leur semblable pour une raison futile si une "figure d'autorité" leur en donne l'ordre. Et que dans les 33% restant, 23 refuseront d'obéir mais ne chercheront pas non plus à intervenir pour sauver la vie de l'homme qu'ils étaient censés tuer.
10% en revanche ont menacé de prévenir les autorités ou ont tenté de s'interposer.
Les expériences de Milgram – Part 1 La manipulation des personnalités
Les expériences de Milgram – Part 2 L’obéissance à l’autorité.
La prison de Stanford
L'expérience de Zimbardo, connue sous le nom de l'expérience de la "Prison de Stanford", recréait les conditions d'un milieu carcéral avec des étudiants jouant le rôle des prisonniers et des étudiants jouant le rôle des matons. Elle devait durer 1 mois, mais fut arrêtée au bout de 6 jours : 90% des "gardiens" (des étudiants pacifistes des années 70 pourtant) ont complètement relâché leurs pulsions sadiques avec des comportements dignes de "Sa Majesté des Mouches".
Là encore 10% des étudiants vont s'interposer et réussir à faire arrêter l'expérience.
Aujourd'hui, Zimbardo met au point une méthodologie afin de mener une nouvelle expérience, celle des 10%.
Les 10% qui n'hésitent pas à payer de leur personne, quitte à se mettre en danger, afin d'en sauver une autre qu'ils ne connaissent pourtant pas.
Comportement humain l'expérience de Stanford
L’expérience de Stanford (effet Lucifer) est une étude de psychologie expérimentale menée par Philip Zimbardo en 1971 sur les effets de la situation carcérale. Elle fut réalisée avec des étudiants qui jouaient des rôles de gardiens et de prisonniers. Elle visait à étudier le comportement de personnes ordinaires dans un tel contexte et eut pour effet de montrer que c'était la situation plutôt que la personnalité des participants qui était à l'origine de comportements parfois à l'opposé des valeurs professées par les participants avant le début de l'étude. Les 18 sujets avaient été sélectionnés pour leur stabilité et leur maturité, et leurs rôles respectifs de gardiens ou de prisonniers leur avaient été assignés ostensiblement aléatoirement. En d'autres termes, chaque participant savait que l'attribution des rôles n'était que le simple fruit du hasard et non pas de prédispositions psychologiques ou physiques quelconques. Un gardien aurait très bien pu être prisonnier, et vice-versa. Les prisonniers et les gardes se sont rapidement adaptés aux rôles qu'on leur avait assignés, dépassant les limites de ce qui avait été prévu et conduisant à des situations réellement dangereuses et psychologiquement dommageables. L'une des conclusions de l'étude est qu'un tiers des gardiens fit preuve de comportements sadiques, tandis que de nombreux prisonniers furent traumatisés émotionellement, deux d'entre eux ayant même dû être retirés de l'expérience avant la fin1. Malgré la dégradation des conditions et la perte de contrôle de l'expérience, une seule personne (Christina Maslach) parmi les cinquante participants directs et indirects de l'étude s'opposa à la poursuite de l'expérience pour des raisons morales. C'est grâce à celle-ci que le professeur Zimbardo prit conscience de la situation et fit arrêter l'expérience au bout de six jours, au lieu des deux semaines initialement prévues. Les problèmes éthiques soulevés par cette expérience la rapprochent de l'expérience de Milgram, menée en 1963 à l'Université Yale par Stanley Milgram, un ancien camarade de classe de Zimbardo au lycée.
Qu'est-ce qui fait que 10% agissent quand les autres obéissent ou se contentent de regarder?
Après l'expérience, Zimbardo voudrait en tirer des programmes qui pourraient être mis en place très tôt dans les écoles afin d'augmenter le pourcentage qui réagit. Une sorte de rédemption pour celui qui pendant son expérience fut le "gardien-chef" et un des 90%.
Une volonté humaniste de perfectionner la nature humaine, mais, peut-être aussi une vision dangereuse de la programmation psychologique des êtres humains...
Philip Zimbardo: Why ordinary people do evil ... or do good.