Récit d’une fausse alerte à la fièvre Ebola à Cergy-Pontoise
Le bâtiment hébergeant la direction départementale des affaires sanitaires et sociales (Ddass) à Cergy-Pontoise a été bouclé pendant plus d’une heure, jeudi 9 octobre, en raison d’un cas suspecté de fièvre Ebola, avant que le préfet du Val-d’Oise, Jean-Luc Névache, n’annonce à 19 h 30 que l’alerte était finalement levée. Une soixantaine de personnes ont donc été consignées à l’intérieur des locaux, qui abritent également d’autres services administratifs, et un périmètre de sécurité mis en place.
Le motif : le malaise d’un jeune homme africain, qui avait séjourné en Guinée avant son arrivée en France le 1er octobre. Il était accompagné de trois autres mineurs étrangers, dont l’un présentait des symptômes grippaux. Un épisode qui illustre la difficulté de naviguer entre application raisonnée du principe de précaution et réactions de panique.
La démarche initiale suivie par le personnel de la Ddass s’est conformée aux procédures établies face à l’éventualité d’un cas d’infection par le virus Ebola ou de tout autre agent infectieux présentant un risque sérieux. Les quatre jeunes gens s’étaient présentés dans les locaux pour un suivi par les services sociaux. Dès la manifestation des premiers symptômes, ils ont été isolés en compagnie de sept autres personnes qui avaient été en contact avec eux, en l’occurrence les personnels de l’accueil et les pompiers présents qui étaient intervenus.
SAMU ET INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE SUR PLACE
L’alerte a été donnée au centre 15, là encore, comme le prévoit la procédure. Une équipe du SAMU munie d’équipements de protection s’est donc rendue sur place afin de prendre en charge les jeunes gens et les examiner. Des spécialistes de l’Institut de veille sanitaire (InVS) ont également été dépêchés afin d’évaluer si les quatre mineurs pouvaient être classés dans la catégorie des cas possibles ou bien en être exclus.
Un patient suspect est défini selon l’InVS comme « toute personne présentant, dans un délai de vingt et un jours après son retour de la zone à risque, une fièvre mesurée par un soignant supérieure à 38 °C et pour laquelle une exposition à risque a pu être établie dans un délai de vingt et un jours avant le début de symptômes (…) ou pour laquelle il est impossible d’évaluer l’existence d’expositions à risques », par exemple pour un patient hors d’état d’être interrogé.
DIAGNOSTIC EXCLU SUR DES ARGUMENTS CLINIQUES
Ce n’est que lorsque a été apportée une confirmation biologique d’infection par le virus Ebola réalisée par le Centre national de référence pour les fièvres hémorragiques, situé à Lyon, qu’il est possible de parler de cas confirmé. A l’inverse, le diagnostic d’infection par le virus Ebola sera exclu si le patient « ne remplit pas les critères pour être un cas suspect », ou pour être considéré comme un cas possible, et naturellement si le test biologique chez un patient possiblement infecté se révèle négatif.
Selon nos informations, il a été considéré qu’une infection par le virus Ebola était exclue sur la base d’arguments cliniques et non biologiques, principalement le fait que le délai de vingt et un jours depuis le départ de la zone à risque était dépassé. Ce délai correspond en effet au maximum connu pour la période d’incubation de la maladie. S’il va de deux à vingt et un jours, le laps de temps entre l’infection et l’apparition des symptômes se situe en moyenne entre quatre et dix jours. Ce n’est que lorsque des symptômes sont présents (fièvre, diarrhées, vomissements, etc.) que le malade infecté par le virus Ebola est contagieux.
Il est vraisemblable que d’autres épisodes du même type se reproduiront. Le dispositif de réponse dans le cas de Cergy-Pontoise paraît avoir fonctionné conformément aux procédures définies par les autorités sanitaires.
Sources : le Monde. fr