Ce qui se passe en Syrie,
c’est quand l’Islam vainc
Daniel Greenfield
Adaptation française : Thérèse Zrihen-Dvir
L’Arabie saoudite et le Qatar ne se parlent pas. La Syrie et la Turquie se tirent dessus. Non seulement les chiites et les sunnites s'entretuent en Syrie, mais les groupes sunnites le font aussi depuis un certain temps. Il y a même deux ou trois factions d’Al-Qaeda qui s'affrontent sur « laquelle d'entre elles est le véritable Al-Qaïda ».
Il y a quelque chose en Syrie qui divise tout et tous. Même le Hamas s’est vu contraint de fragmenter ses ailes politique et militaire quand il lui incombait de choisir entre les armes iraniennes et les fonds du Qatar. En suivant la logique, l'aile militaire a pris les armes et l'aile politique a pris l'argent de sorte que l'aile militaire du Hamas soutien Assad et son aile politique l'opposition sunnite.
Cependant, il ne s'agit pas seulement de l'argent et des armes qui divisent les musulmans de Syrie. Argent et les armes ne sont que des symboles. Ce qu’ils représentent c’est l'Islam. Et ce que l'Islam représente est l'intersection entre l'identité et le pouvoir.
Un État moderne tire sa puissance de son identité. Les Japonais et les Russes étaient prêts à mourir en grand nombre pour leur patrie pendant la deuxième guerre mondiale. Les deux pays avaient subi une féodalisation rapide transformant les paysans en citoyens. Le Japon et la Russie en ont cependant tiré des identités historiques. La rapide dé-féodalisation du monde arabe culmina en un chaos confus parce que des pays tels la Jordanie et la Syrie, monstres style Frankenstein, sont le résultat d’un assemblage toutes sortes de débris d’histoire soudés par un adhésif instantané.
Le Moyen-Orient est plein de drapeaux, mais la majorité n’est qu’une variation mineure du rouge, vert, noir et blanc. La différence entre le drapeau palestinien et le drapeau jordanien est un petit astérisque sur le chevron représentant l'unité des peuples arabes. Le drapeau irakien était à l'origine le même que celui des jordaniens et des palestiniens. Ainsi la plupart des drapeaux de la région se basent sur le drapeau de la révolte arabe qui à son tour est fondée sur les couleurs des califats.
Chaque fois que vous voyez le « drapeau noir » du Jihad d'Al-Qaïda, il est déjà représenté dans les bandes noires sur les drapeaux de tous les pays arabes. Qu'a fait Al-Qaïda ? Il a supprimé les autres couleurs représentant les différents califats successifs et repris le chemin vers le noir du drapeau de guerre de Mahomet.
Qu’est la Syrie ? La guerre civile répond à cette question. Comme l'URSS, c'est une prison de nations. Elle n’existe qu’en vertu des hommes pointant leurs armes sur d'autres. Tant que tous les hommes équipés d’armes à feu acceptent ce qu’est la Syrie, le pays existe. Une fois qu'ils ont cessé d’y adhérer, il n'y a plus de Syrie. Le même cas est valable pour beaucoup de pays au Moyen-Orient.
Il y a des problèmes solvables par la démocratie au sein d’un pays opérant, mais quand votre pays abrite en réalité des identités religieuses et ethniques contradictoires à son peuple, la démocratie ne fait qu'aggraver le problème. La démocratie en Irak signifie les chiites votant à être chiites, les sunnites votant à être sunnites et les Kurdes votent à être Kurdes. La démocratie en Syrie signifierait la même chose. Et de la sorte, une fédération s’allonge, suivie de sécession et de guerre civile.
Le problème au Moyen-Orient n'est pas un manque de démocratie. C'est le manque de tout élément pour être démocratique. Tout le monde au Moyen-Orient (qui n'est pas un Juif, chrétien, Kurde, Bahaï, zoroastrien, arménien, circassien, druze, etc.) est d'accord sur l'importance de l'unité arabe et islamique. Le goût spécifique de cette unité, leur clan, leur tribu et leur interprétation islamique doivent être suprêmes.
Il n'est guère surprenant que le Moyen-Orient soit constamment en guerre. Ce serait un miracle que les combats cessent. Le nationalisme arabe est l'idéologie que les élites arabes utilisent pour dé-féodaliser leur population de paysans en citoyens. Mais ce qui a fonctionné au Japon et en Russie a échoué au Moyen-Orient où la tribu et la religion sont toujours dominatrices. Les paysans ne sont pas devenus égyptiens ou syriens. Ils sont restés Ougaidat ou Tarabin. Ensuite, ils sont musulmans. Leur identité nationale vient en troisième place.
Ce que le printemps arabe a vraiment démontré, c'est combien l’identité nationale importe peu alors que la démocratie et la chute des gouvernements prouvent qu'il n'y a pas de consensus national, seul l’étroite entente de la classe, de la tribu et de l'institution. Ce n'est pas quelque chose qui satisferait les Américains.
Les efforts de la gauche réduisent les USA au niveau d’un état balkanisé dans lequel il y a un vote noir et un vote blanc, un vote riche et un pauvre, mais pas d’identité nationale qui les transcende. Les américains deviennent aussi « Sunnites » et « Chiites ». Rien d’étonnant à ce que l’Islam découvre en le post-USA et la désintégration de l’Union Européenne, un terrain fertile pour s’implanter. Et c'est la même raison pour laquelle l'Islam est à la hausse au Moyen-Orient.
L’ascension de l’Islam eut lieu à la mort de l'Empire romain. A présent, il est en hausse avec l’agonie de l'Occident. Ce serait une erreur de nommer cela « choc des civilisations » quand c'est la civilisation qui succombe à la barbarie.
Hasan al-Banna, fondateur de la Confrérie musulmane, a écrit : « Notre tâche est de s'opposer à l'inondation de la civilisation moderne. » La Syrie est le désert qui reste après l'inondation de la civilisation.
L'Islam ne peut pas unir la Syrie. Il ne peut même pas unir les islamistes sunnites, ni ces salafistes qui s'identifient avec Al-Qaïda. Il n’unit pas, parce que l'Islam est une force perturbatrice qui réalise son unité par la violence. C'est une idéologie suprématiste dont la solution finale est toujours l'épée. Mohammed a remporté ses débats en tuant ses ennemis. Une hausse de l’Islam contraint les chrétiens à quitter le Moyen-Orient tout en hurlant compulsivement leur haine contre l'État juif. Mais l’Islam ne s'arrête pas là. Une religion qui ne peut pas coexister avec d'autres religions, réussira-t-elle à coexister avec elle-même.
Comment les musulmans résolvent les différends religieux entre eux ? De la même manière qu'ils le font avec les juifs et les chrétiens. C'est ce que nous voyons en Syrie. Dans son expression minimale, la civilisation est la coexistence. L'islam est antithétique à la coexistence et à la civilisation. Son âge perpendiculaire signifie qu'il y a encore plus dans son passé qu’il faut combattre.
L'islam c’est l'abandon conscient de la civilisation et de la coexistence pour la vie nomade de djihadiste qui se déplace d'un endroit à l'autre, ses armes sur le dos, détruisant villes et fermes, raflant toute chose qu’il convoite, passant à la bataille suivante et à la prochaine ville en feu.
Le djihadiste est en guerre avec la civilisation, avec la ville, la famille et la sédentarité de l'existence. C’est un braqueur nomade émergeant de la préhistoire. C’est le guerrier sauvage du passé sauvage.
La Syrie est ce qui arrive quand l'islam vainc. Quand l'Islam vainc, la civilisation se perd.