Hollande : la marque du déclin ?
Par Claire Laforêt
2012 aura vu la chute de deux monolithes de la politique.
Deux rocs qu’on imaginait indestructibles ont été mis à terre, et pourtant…
Au-delà des erreurs, des outrances et des excès qu’ils ont commis, des colères et ressentiments légitimes qu’ils ont générés, au-delà de la jubilation de certains à les voir réduits et de leur joie ressentie comme un dû, il y a quelque chose de tragique dans ces destins brisés, infiniment de tristesse dans ces passages de la lumière à l’ombre, à être détesté et haï après avoir été tant aimé.
Cela donne à réfléchir à la nature humaine capable dans l’instant de tuer aujourd’hui ceux qu’elle vénérait hier et qui recommencera demain avec d’autres.
Les hommes ont cette nécessité du parricide, de tuer le père pour prendre sa place « la place » unique au sommet d’un pouvoir non partagé. N’ayant le plus souvent pas les forces et la science qu’il faut pour combattre, ils délèguent à « des gladiateurs » le soin de lutter pour eux, mais, ainsi que dans les jeux du cirque, ne développent aucune bienveillance envers ceux qu’ils choisissent pour champion, et c’est sans état d’âme qu’à la moindre faiblesse, ils les fracassent debout.
Dominique Strauss Kahn et Nicolas Sarkozy sont des gladiateurs d’espèce en voie de disparition. Des primitifs émotifs, capables d’excès et de démesure en tout, mais des carnassiers qui montrent leurs dents et leurs écailles pour dérouter l’adversaire, dont on connaît les armes et que l’on peut affronter en connaissance de cause. C’est à la fois leur faiblesse, ce qui les fait chuter, mais aussi leur grandeur d’être simplement « homme ».
Avec F.Hollande, nous avons quitté « l’homme » ses outrances et ses imperfections. Nous avons quitté la créativité brouillonne, le tapage et le panache insolent, mais aussi l'aptitude à inventer et à imaginer, l’indiscipline qui permet la liberté et les révoltes, les changements nécessaires à l’évolution des sociétés, qui donna la République, la laïcité et les droits de l’homme, et nous sommes passés de l’individu au groupe et de l’humanité à l’appareil de parti qui privilégie un clan et une tribu dans des cadres définis et contrôlés plutôt que des individus capables de réfléchir seul, de penser et de vivre sans béquilles, désireux de gambader hors des rails et des principes établis.
Aujourd’hui envers et contre toutes les promesses clamées pendant la campagne électorale, le gouvernement Hollande veut, sans en référer aux Français par référendum, imposer des lois intimement sociétales comme le mariage des homosexuels ou le vote des étrangers. Il signe et met en place tout ce qu’il avait dit qu’il ne ferait pas : traité européen, hausse de la TVA et hausse d’impôts qui vont toucher l’ensemble de la population.
La France, sans même sans être rendu compte, est tombée sous tutelle d’apparatchiks installés au pouvoir, bien plus qu’elle ne crût l’être du temps des deux titans de la politique que furent Sarkozy et DSK.
« Le changement, c’est maintenant » fut le slogan de campagne de Hollande et personne n’avait imaginé un retour vers le passé aussi surréaliste. Tellement surréaliste qu’on ne peut que l’ajouter à d’autres drames et de se poser une question essentielle : Cette année aura vu la chute de trois grands fauves, trois destins hors du commun : Strauss-Kahn, Sarkozy, Armstrong, mais aussi l’avènement de Hollande, est-ce annonciateur d'un renouveau ou d'un déclin inéluctable de civilisation ?
C.L