Le parti «Pirate» à l’abordage pour une nouvelle politique
Christian Duteil
«Ni de droite ni de gauche » mais d’ailleurs, le Parti des Pirates fait aujourd’hui causer dans les chaumières, interpelle et intrigue dans le paysage politique. Venus de Suède où leur parti est né en 2006 et est devenu en 2009 la troisième force politique du pays, ils ont depuis essaimé dans toute l’Europe et se prétendent « le prochain grand courant politique».
Déjà populaire aux Pays-Bas et en Autriche, le Parti Pirate est devenu en quelques mois la quatrième formation en Allemagne (30 000 adhérents).
Après avoir raflé entre 7% et 9% lors des quatre élections régionales, il dispose aujourd’hui de 45 sièges dans les assemblées des Länder et font désormais bouger les lignes politiques. En France, il compte seulement 500 adhérents, et une centaine de candidats se présentent aux législatives pour faire connaître leurs idées et prendre date.
Les Pirates, fort de leur bon droit et de leur image de marque qui ne tient plus du fantasme, sont prêts à croiser le fer contre les idéologies et à partir à l’abordage des électeurs qui ne se retrouvent plus dans les « vieux » partis trop conventionnels et au consensus jugé trop mou. Leur programme s’articule autour de cinq grands thèmes mobilisateurs : légalisation totale du téléchargement, lutte contre le fichage abusif, indépendance de la justice, transparence de la vie publique et ouverture des données publiques. Vaste programme qui ne tient plus seulement de la simple provocation estudiantine et de la révolte juvénile !
Vous avez dit « pirates » ?
Ce nouveau mouvement prône la libre circulation de la culture sur Internet au nom de la liberté et de la transparence. Selon l’un de ses fondateurs, Rickard Falkvinge, le Parti des Pirates - né d’un mouvement de contestation qui trouve un écho auprès des moins de 30 ans dans une cinquantaine de pays - est là pour durer et n’a rien de folklorique ou du canular politique.
Ces nouveaux indignés organisés en formation politique veulent casser les clivages traditionnels et faire de la politique autrement. Le principe anglo-saxon de « démocratie liquide » les anime et soude dans un collectif démocratique tous ces jeunes dégoûtés de la politique qui ne croient plus aux partis traditionnels de papa et maman. « Chaque proposition d’un adhérent est débattue sur le Web puis votée en assemblée générale » déclare Maxime Rouquet, coprésident du Parti Pirate français (Métro, 31 mai 2012).
Il leur reste maintenant à nos « chers pirates » à s’inscrire dans la durée dès lors qu’on commence à les prendre au sérieux et qu’on devra compter sans doute avec eux dans les prochaines années.