Une époque formidable
Christian Duteil
Nous vivons une époque formidable qui n’hésite pas à manier paradoxes et dérisions. Jugez plutôt !
Au Mexique «El Candigato» el Gato* : «le chat» Morris, candidat aux élections municipales à Xalapa, compte plus de 5700 fans sur Twitter et 112 000 sur Facebook. De quoi frustrer les «vrais» candidats en mal de reconnaissance chez les électeurs et sur les réseaux sociaux. Sorte de Coluche Félin, («Attendez que la gauche passe en 2012…») Morris manie la dérision populiste, promet d’agir «comme les autres politiciens» c’est-à-dire de ne rien faire et dormir toute la journée. Féroce et malin, notre chat célèbre a même concocté son propre clip de campagne où il proclame qu’il débarrassera la ville des «rats» qui, comme par hasard, est le surnom local des hommes politiques.
Certes, s’il est l’objet de toutes les conversations et de toutes les attentions, Morris n’apparaît pas officiellement sur les bulletins de vote car il est tributaire de sa condition de chat qui n’a pas droit de cité. Toutefois, son équipe estudiantine de campagne suggère d’y inscrire son nom afin de faire passer le message à la classe politique de la ville.
Une manière ludique de surmonter le «Tous pourris» et de faire avancer les choses en démystifiant l’arrogance des puissants qui nous gouvernent tout en les déboulonnant de leur piédestal. Un détournement situationniste qui réinvente la politique à l’heure du désenchantement du citoyen de plus en plus guetté par la désespérance des extrêmes et/ou la tentation de l’abstention. Par cette initiative originale, il ne s’agit pas ici de prêcher pour les droits des animaux mais de rappeler aux politiques que les promesses n’engagent pas seulement ceux qui y croient mais aussi et d’abord ceux qui les font pour se faire élire.
CD
Gato* : veut dire «le chat» en espagnol.