Michel Onfray et la philosophie
«Rendre la raison populaire!»
par Pauline Ebrart
«Faire avancer le savoir pour faire reculer l’obscurantisme.
Autrefois la philosophie était populaire et j’ai souhaité garder cette facilité d’accès».
Si vous voulez écouter un homme libre parler avec « raison » et simplement de l’Islam, des syndicats, de Hollande, de la droite ou de la gauche, d’Israël ou des Palestiniens, visionnez cette vidéo, vous n’en sortirez pas indemne, il vous faudra être lucide envers vos propres fonctionnements, mais vous y récupèrerez de l’espoir et du réconfort. De la vie !
Interviewé sur LCI par Audrey Crespo Mara, Michel Onfray avec cette simplicité éclairée de ceux qui savent vraiment de quoi ils parlent, aborde tous les sujets qui fâchent et répond aux questions posées sans jamais être à côté, ce qui aujourd’hui est peu courant, ferme, déterminé, sincère, honnête.
Michel Onfray et la journaliste Audrey Crespo Mara
Certains intellectuels de cercles prestigieux et très académiques, de ceux dont Molière faisait ses choux gras, taxent Michel Onfray d’être provocateur, iconoclaste et toutes sortes d’autres choses qui seraient « inciviles » à leurs mentalités figées de gardiens d’un temple qu’ils ont rigidifié.
En réalité Michel Onfray est ce que l’on pourrait appeler un homme honnête, désireux d’apporter un peu de lumière dans une obscurité qui s’épaissit un peu plus chaque jour, ce qui le met évidemment en porte-à-faux avec ceux qui se sont approprié les Institutions et les Académies dites savantes.
Fils d’une femme de ménage et d’un ouvrier agricole, enfant battu et placé dans un orphelinat, ainsi que Boris Cyrulnik il a su faire « une résilience » salvatrice, au travers de la philosophie.
Mais, lorsque des enfants bousculés et fracassés par la vie, ne meurent pas sous les coups qu’ils encaissent, comme disait Nietzsche, ils deviennent plus fort, plus doué, capables de comprendre ce qui est de l’indicible pour les autres, de toucher à la compassion sans rien perdre de la rigueur, d’être des hommes fraternels et solidaires.
Devenu philosophe mais resté libre-penseur, Michel Onfray a créé il y a plus de 10 avec quelques amis, à Caen, une université populaire avec accès libre et cours gratuits, dont on peut dire au vu du succès et des foules qui s’y pressent qu’il a réussi à redonner du sens à la philosophie et au peuple un destin qu’il peut reconquérir « J’ai été sauvé de mon destin social par la philosophie et j’aimerais pouvoir offrir les mêmes chances à mes auditeurs : rendre la raison populaire.
Loin des ghettos philosophiques où l’on donne l’impression qu’on fait de la philosophie, mais où l’on se contente en fait de construire du modèle social, Michel Onfray souhaite une philosophie qui permet la construction de soi pour mieux vivre en adéquation avec soi, les autres, la planète, le cosmos, l’universalité…
Depuis des années il tente de redonner à la philosophie sa pensée originelle dans des agoras populaires où les idées s’expriment, s’affrontent ou s’accordent, s’agrandissent de toutes les idées et réflexions proposées et développées.Travaillées surtout.
Ce qui évidemment déplait aux philosophes de salon qui se sont approprié « la pensée » comme on s’approprie une couronne et une monarchie. Ceux-là vous les voyez régulièrement dans les émissions télévisées, experts en tout et garants pour les téléspectateurs de l’intelligence des propos tenus sur les plateaux. La caution Alpha en somme de chaînes qui n’ayant pas le temps de chercher de vrais philosophes, sacrifient à la facilité en invitant des BHL ou autres comme lui friands de médias, d’honneurs et de gloriole. Des chaînes qui participent ainsi hélas à la lamentable et dévastatrice pensée unique qui annihile les esprits et les met sous contrôle.
Michel Onfrey défend « l’intelligence » que chacun peut utiliser pour « philosopher », soit déterminer des analyses et des synthèses ; il met l’accent sur le fait que les hommes et les situations sont fluctuantes ; que l’on peut défendre ou remettre en question des comportements, des idéologies, des individus, des nations, sans être partisan des uns et des autres, et sans jugement moral, simplement mettre en évidence ce qui est positif ou nuisible. Raisonner lucidement sur tout, un jour d’un côté, un autre jour de l’autre, si les mouvements positifs ou négatifs s’inversent. Toujours à distance de soi, regarder, observer, comprendre, réfléchir et oser dire ce qui est, dans une société française où les libertés n’ont jamais été aussi réduites, sans être étiqueté d’une chose ou une d’autre, sans être stigmatisé.
La philosophie qui devrait aider l’humanité à comprendre son environnement et les mutations naturelles des civilisations, est pervertie par des philosophes qui n’en n’ont plus que le nom, englués qu’ils sont dans le monde futile qui les a piégés, mais dans lequel ils s’épanouissent et prospèrent, riches et gras, arrogants et prétentieux, loin, très loin de la belle santé philosophique de Michel Onfray, faite de partage, d’intelligence radieuse et de véritable humanité.
P.E
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Rendre la raison populaire
«Généreux amis de l'égalité, de la liberté, réunissez-vous pour obtenir de la puissance publique une instruction qui rende la raison populaire»
En créant en 2002 l'université populaire de Caen, Michel Onfray s'inscrit dans la droite ligne de cet idéal des Lumières cher à Condorcet. À la demande toujours croissante de philosophie, il répond par une invitation au dialogue, à l'exploration de savoirs ignorés, à l'édification existentielle à travers le réel matériel, à l'interaction entre la théorie et la pratique et au partage entre amis, dans un but philosophique commun : se faire libre. Plus enthousiaste et percutant que jamais, Michel Onfray explique, défend et revendique ce projet un peu fou, devenu un incroyable succès... populaire.
Abrégé Hédoniste
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