Tribune
Publié le 17/12/2012
Le corps sublimé de Gérard Depardieu
«Cholestérol, hypertension, diabète, trop d’alcool, endormissement sur scooter.» L’acteur joue une nouvelle fois à merveille le seul rôle qui au fil du temps est le sien: celui du monstre.
Il s’endormait quand le Premier ministre socialiste l’a réveillé. Alors il mord. Et il fait mal. Il ne se contente pas de quitter la France. Il rend son passeport. Il rend «sa» Sécurité sociale, «dont il ne s’est jamais servi». C’est un évènement. Sublime, forcément.
Dans cette lettre ouverte, il aura donc ce mot d’une infinie douceur:
«Je ne jette pas la pierre à tous ceux qui ont du cholestérol, de l’hypertension, du diabète ou trop d’alcool ou ceux qui s’endorment sur leur scooter: je suis un des leurs, comme vos chers médias aiment tant à le répéter.»
Qu’ils soient chers ou pas à Jean-Marc Ayrault, bien des médias ont, depuis des années, appris à faire leur miel de Gérard Depardieu. Et ce n’est pas la première fois que Depardieu offre son corps en spectacle. Mais voici aujourd’hui qu’il s’agit d’une vue de l’intérieur. Le sang —trop épais; les artères –trop grasses; le foie –n’en parlons plus. Il n’est point besoin d’être un spécialiste de santé publique pour savoir que celles et ceux auxquels Gérard ne lance pas la pierre sont assez nombreux en France. Il est né chez eux. Il a appris à nous le dire. Mais milliards ou pas, il n’est pas sorti de l’auberge de Châteauroux.
Ces derniers jours, donc, une nouvelle salve, venue d’en haut. On ne rit plus. Dégrisé, on mord. Comme toujours quand il s’agit d’argent. Un peu plus fort quand il s’agit d’honneur. D’apprendre que cet artiste (après tant et tant d’autres fortunés qui n’ont jamais été applaudis) quittait la France pour la Belgique a réveillé les appétits médiatiques. Gérard a longtemps été bon prince qui, lui aussi, s’est repu des gazettes. Que se passe-t-il? Non seulement Depardieu va résider sur l’autre rive du Quiévrain mais il met aux enchères sa caverne de la rue du Cherche midi, à Paris. N° 95, Hôtel de Chambon.
Des caves, des carrosses, une piscine, des suites et des soieries, des cuisines à n’en plus finir. La solitude qu’aucun alcool, aucune chère, ne fera passer. Le château de Barbe Bleue sans les clefs. Photos dans les gazettes. Mise à prix: cinquante millions d’euros. Une misère pour aller s’enterrer en Belgique. Les blagues ont fusé, les articles ont suivi. Puis la méchanceté. Le sang allait couler.
«Je n’ai pas à justifier les raisons de mon choix, qui sont nombreuses et intimes», nous dit-il aujourd’hui. La belle affaire. Comme si cet éphèbe valseur devenu Obélix pouvait encore avoir une parcelle d’intimité. Comme si un milliardaire n’avait pas à se justifier mille fois plus que mille cadres réunis. Comme si le fait d’avouer avoir payé 145 millions d’euros d’impôts (en quarante-cinq ans) ne prouve pas que l’on doit rendre gorge avant de mourir.
Il a montré son corps grossissant jusqu’à l’outrance. Il a revendiqué cette métamorphose vers la mort. Il semble ne rien nous avoir caché de ses amours, de ses accidents de cœur, de ses brisures de squelette, de ses frasques sur deux roues, puis sur la jante. Et quand il ne passait pas à table, ses enfants, ses proches le firent pour lui. Trois ans pour deux grammes. Plus les médias en demandaient plus il donnait, stricto sensu, de sa personne.
On peut voir là une forme de reconnaissance du ventre à la fois sans fin et mise en abyme. Le tout avec superbe et en faisant parfois mine de jouer à cache-cache. Depuis Châteauroux jusqu’à Cuba, avec des basse-cours industrielles, des vignobles comme s’il en pleuvait, des puits de pétrole. Tout boire, tout savoir en croyant avoir tout. Et puis ce qui régale les foules: des ivresses considérables, des gueules de bois gargantuesques.
Avec Rabelais en toile de fond, le gras rabelaisien pour le commun et le médecin forgeur de langue pour ceux qui savent comprendre.
C’est beau comme un film peut être beau. Jusqu'au moment où l’on brise la porcelaine, où il vous faut uriner de plus en plus fréquemment, à tout prix, en public et en avion. On rigole des outrances. Que faire d’autre quand l’abstinence ne peut plus être? Beaucoup de souffrances aussi dans les coulisses désormais ouvertes à tous les vents. Tout le monde voit tout? Sauf ceux qui n’ont pas cholestérol, pas d’hypertension artérielle, pas de diabète, jamais beaucoup trop d’alcool et pas de scooter où s’endormir à l’aube quand le guidon joue les Morphée.
Charlie-Hebdo résumait il y a quelques jours l’affaire à sa façon, bien gauloise («La Belgique peut-elle accueillir tout le cholestérol du monde?»). Entouré de nouveaux communicants, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault l’a donc qualifiée de «minable». Il gagnerait à préciser son propos. Voulait-il, comme on a cru comprendre, parler de médiocrité (genre miteux, piteux)? Aurait-il, au contraire, songé à l’autre acception (qui semble miné, usé par la misère, la maladie et le chagrin au point d’inspirer la pitié)? Il aurait alors visé plus juste.
La suite ne plaide pas en faveur de la version romantique. Aux ordres de Matignon deux voix ont recadré en urgence le propos du Premier ministre. Aurélie Filippetti d’abord, Michel Sapin ensuite. La ministre de la Culture pour dire ses regrets que l’acteur n’ait pas déjà régressé au stade «du cinéma muet». Celui du travail, ensuite, pour parler d’une «déchéance personnelle» qu'il trouve «dommageable». Que de dommages!
Jean-Yves Nau
Reuters
Publié le 18.12.2012
Valls veut réformer l'évaluation de la délinquance
Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls prône mardi dans une interview au Figaro une réforme du mode d'évaluation de la délinquance en l'estimant notamment sur la durée afin de mettre fin "aux tentations d'arranger les statistiques" .
Selon le quotidien, qui fait état d'une dégradation de la situation "tous azimuts", la délinquance générale a augmenté de 5,6% en novembre, avec près de 15.000 victimes de plus en un mois.
"Cela fait dix ans que l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales répète que les courbes de la criminalité ne peuvent se calculer avec pertinence que sur des durées suffisamment longues, et donc qu'une hausse subite n'existe pas scientifiquement", estime le ministre de l'Intérieur.
"Dès mon arrivée, j'ai cessé la pratique qui consistait à fixer aux chefs de services l'évolution chiffrée qu'ils devaient atteindre en fin d'année. Tout le monde sait que cela conduisait à des distorsions statistiques. Quel que soit le prix à payer, j'ai voulu qu'il soit mis fin aux tentations d'arranger les statistiques !"
Concernant l'estimation des chiffres de la délinquance, Manuel Valls souhaite "rétablir un thermomètre qui fonctionne et qui donne le vrai état de la température, sans qu'on l'ait préalablement passé au congélateur".
"La violence a augmenté sans discontinuer depuis vingt ans", poursuit le ministre. "Il ne s'agit pas de perpétuer un système dans lequel la sous-déclaration et, hélas, trop souvent, la difficulté de déposer plainte sont très importantes. Il s'agit d'avoir enfin le courage d'assumer la révélation de tous les actes de délinquance, par exemple en matière de violences intrafamiliales et à l'égard des femmes."
S'exprimant dans la matinée sur Canal + sur les chiffres avancés par Le Figaro, Manuel Valls a souhaité aller "au-delà des manipulations des statistiques auxquelles on a assisté depuis des années".
"Oui, il y a beaucoup de violence dans la société et celle-ci a augmenté et depuis 20 ans les violences sur les personnes ne cessent de croître", a-t-il dit.
"Il y a un outil statistique indépendant et moi je veux le respecter, c'est à lui de publier ces chiffres. Si je veux réformer l'outil statistique, ce n'est pas pour casser le thermomètre, c'est pour que ces chiffres contrairement à ce qu'il se passe depuis des années, soient incontestés, soient incontestables."
Marine Pennetier, édité par Henri-Pierre André
Le nouvel Observateur
Publié le 17/12/2012
Le Roux répond aux 15 députés PS qui interpellent Hollande
"C'est utile au débat mais en même temps mon travail c'est d'expliquer que le cap que nous avons aujourd'hui est un cap clair et qu'il faut le tenir", a déclaré le chef du groupe PS.
Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a assuré lundi 17 décembre que François Hollande avait "un agenda, un cap particulièrement clair", en réponse à une lettre d'élus socialistes demandant au chef de l'Etat de modifier son cap et ses priorités.
Bruno Le Roux a fait cette déclaration, interrogé par la presse à la sortie d'un entretien de trois quarts d'heure avec François Hollande à l'Elysée.
"C'est quinze députés qui expriment des éléments qui remontent de leur analyse, de leur circonscription. C'est utile au débat mais en même temps mon travail c'est d'expliquer que le cap que nous avons aujourd'hui est un cap clair et qu'il faut le tenir", a déclaré le responsable du groupe PS.
La situation est difficile économiquement en matière de chômage et on sait que l'année 2013 est encore une année difficile. Pour autant, le président a un un cap et un agenda qui est particulièrement clair" sur les réformes à mener, a assuré le député de Seine-Saint-Denis. Le chef de l'Etat va "prendre un par un tous les sujets qui vont permettre d'avancer vers la sortie de crise. Le souci du président c'est 'en sortir plus vite et mieux' c'est-à-dire prendre les décisions qui vont permettre de favoriser la sortie de crise et cela dès 2013", a-t-il ajouté.
"Peut-être qu'il faut qu'il le dise encore plus fort. Les déplacements" seront "très certainement l'occasion de réaffirmer ces choses-là", a-t-il poursuivi.
Plus tôt, une quinzaine de députés et élus socialistes avaient écrit au président François Hollande pour lui demander de modifier son cap afin de répondre à "l'aspiration légitime des salariés et des ouvriers modestes à améliorer leurs conditions de vie matérielles".
"Il est urgent de remettre l'agenda économique et social en tête des priorités de l'action gouvernementale", écrivent, dans une lettre publiée ce lundi 17 décembre par "Le Parisien-Aujourd'hui en France", ces élus. Ils sont sous la houlette de Laurent Baumel, député-maire de Ballan-Miré (Indre-et-Loire), Philippe Doucet, député-maire d'Argenteuil (Val-d'Oise) et François Kalfon, conseiller régional d'Ile-de-France.
"La grande réforme fiscale redistributive"
"Le scepticisme croissant des couches populaires et moyennes, qui ont pourtant joué un rôle-clé dans l'élection de François Hollande, nous invite à hiérarchiser notre action, car elles attendent d'abord des réponses fortes sur le terrain du pouvoir d'achat et de l'emploi", ajoutent ces députés, dont certains issus des anciens réseaux de Dominique Strauss-Kahn.
"Si nous souscrivons à l'objectif de redressement des comptes publics et de la compétitivité de nos entreprises poursuivi par le gouvernement, nous pensons qu'il faut l'accompagner de la mise en place de la grande réforme fiscale redistributive annoncée par François Hollande pendant sa campagne", expliquent les signataires.
Il s'agit, selon eux, de "restituer du pouvoir d'achat aux millions de salariés qui subissent la stagnation salariale et la difficulté croissante à boucler les fins de mois, à mettre de l'essence dans le réservoir, à payer le loyer ou les études des enfants."
La lettre est signée également par Sylviane Alaux, députée de Pyrénées-Atlantiques, Christian Assaf, député de l'Hérault, Isabelle Bruneau, députée de l'Indre, Anne-Yvonne Le Dain, députée de l'Hérault, Michel Lesage, député-maire de Langueux (Côtes-d'Armor), Jean-Philippe Mallé, député des Yvelines, Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, Patrice Prat, député-maire de Laudun (Gard), Jacques Valax, député du Tarn, selon le quotidien.