ONU : Le climat au menu des chefs d’Etat

Ce n’est qu’un « déjeuner informel » dans le gratte-ciel des Nations Unies qui longe l’East River, mais c’est l’un des moments les plus attendus sur le dossier du climat, à deux mois de la conférence de Paris, la COP 21. Organisé dimanche 27 septembre à l’initiative du secrétaire général Ban Ki-moon, des présidents français et péruvien (le Pérou et la France assurant respectivement la présidence sortante et entrante de la COP), ce repas au sommet, en marge de la 70e assemblée générale onusienne, devrait rassembler une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement.
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Y sont attendus le Chinois Xi Jinping, le Sud-Africain Jacob Zuma, la Brésilienne Dilma Rousseff, le Bolivien Evo Morales, l’Egyptien Abdel Fatah Al-Sissi, le Turc Recep Tayyip Erdogan, les Européens Angela Merkel et David Cameron… ou encore Anote Tong, le président de la République des Kiribati. Autrement dit un échantillon représentatif des principaux blocs de la diplomatie mondiale sur le changement climatique : pays industrialisés, pays en développement, puissances émergentes fortement émettrices de gaz à effet de serre, petits états faiblement émetteurs mais très vulnérables à la hausse du thermomètre planétaire.
Le panel est « de très haut niveau et d’excellente qualité » assure François Delattre, le chef de la mission permanente de la France auprès des Nations unies à New York passant un peu vite sur plusieurs absents de marque : Vladimir Poutine, représenté par son ministre des affaires étrangères Serguei Lavrov ; Barack Obama et Narendra Modi, à la tête de deux pays parmi les plus émetteurs au monde de gaz à effet de serre.
Accord sino-américain
Cosignataire vendredi 25 septembre d’une déclaration commune dans laquelle les Etats-Unis et la Chine précisent leurs engagement pour réduire leurs émissions et accélérer la transition vers une économie bas carbone, Barack Obama estime avoir suffisamment œuvré dans ce dossier pour se permettre de faire l’impasse sur le déjeuner du 27. Le premier ministre Modi sera dimanche sur le sol américain, mais sur la côte ouest, en Californie, où il a décidé de parler de nouvelles technologies avec la communauté indienne de la Silicon Valley.
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« Je ne doute pas de l’engagement du président Obama et de l’administration américaine, et le premier ministre indien est très sensibilisé aux enjeux du dérèglement climatique, a assuré le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, samedi à New York. Tous deux vont jouer un rôle important dans le succès espéré à Paris ».
Entre la poire et le fromage, on parlera d’« ambition », c’est-à-dire des contours de l’accord qui devrait lier, mi-décembre à l’issue de la COP 21, les 195 pays de la Convention-cadre des nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) pour maintenir le réchauffement sous le seuil des 2 degrés. Dimanche à table, les chefs d’Etat et de gouvernement vont aborder aussi les « actions » que le Etats sont prêts à engager sans délai en matière de financement, d’accès aux énergies renouvelables, de transfert de technologies vers les pays du Sud.
Annonce de la contribution française à l’aide aux pays du sud
Dans le froissement des serviettes et les bruits de vaisselle autour de la table dressée pour 30 personnes, on tendra particulièrement l’oreille en direction de François Hollande. Pays hôte de la prochaine COP, diplomatiquement influent et membre du club du G7, la France est très attendue sur le dossier du financement des 100 milliards de dollars par an, la somme que les pays du Nord se sont engagés, à la COP de Copenhague en 2009, à transférer vers les pays du Sud d’ici à 2020.
La pression sur la délégation française est montrée d’un cran avec la déclaration sino-américaine du 25 septembre, dans laquelle la Chine se risque pour la première fois à annoncer un effort financier chiffré de 3,1 milliards de dollars d’aide aux pays en développement dans la lutte contre le réchauffement.
« L’important effort de la France sur les financements climat » est l’un des temps forts du déplacement de François Hollande du 26 au 28 septembre à l’ONU, confirme Laurent Fabius. L’annonce pourrait intervenir à l’heure du café, après le fameux déjeuner, ou lors de son allocution dimanche après-midi au sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) ou encore pendant son discours à la tribune de l’assemblée générale, lundi midi.
Au-delà du moment choisi, c’est l’ampleur de cet « effort » qui suscite les interrogations des partenaires de la France. Une enveloppe de 1,5 à 2 milliards d’euros par an de financements additionnels pour le climat serait considérée comme un signal fort adressé aux autres grands bailleurs dans la dernière ligne droite précédant la COP 21… à condition de clarifier aussi la nature de ces fonds et leur affectation précise.
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