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A priori, le tableau est difficile à imaginer : le chétif premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, réputé pour son ambition dévorante plus que pour un quelconque radicalisme idéologique, aurait été dans les années 1990 un féroce combattant au service de la cause tchétchène.C’est en tout cas ce que croit la justice russe. Dans un entretien accordé mardi 8 septembre au quotidien officiel Rossiïskaïa Gazeta, le chef du puissant Comité d’enquête russe Alexandre Bastrykine, révèle les résultats d’une « investigation » menée par sesservices. Selon l’institution, qui dépend directement du président Vladimir Poutine, M. Iatseniouk « a participé à au moins deux opérations armées » contre l’armée russe à Grozny, en décembre 1994 et février 1995, en pleine première guerre de Tchétchénie.Lire aussi : A Moscou, le Comité d’enquête, bras judiciaire de PoutineM. Iatseniouk aurait été cette époque un membre de l’UNA-UNSO, une organisation ultranationaliste ukrainienne, et aurait participé à des actes de torture et à l’exécution de soldats russes, avant de quitter la Tchétchénie par la Géorgie en se cachant au milieu d’un groupe de journalistes.Avalanche de commentaires ironiquesSelon sa biographie officielle, Arseni Iatseniouk était au moment des faits étudiant dans la ville de Tchernivtsi, dans l’ouest de l’Ukraine. La suite de sa carrière est aussi éloignée des théâtres de guerre que de tout militantisme ultranationaliste : avocat, banquier, ministre de l’économie, et enfin premier ministre à la faveur de la révolution de Maïdan.Les accusations du Comité d’enquête ont suscité une avalanche de commentaires ironiques en Ukraine, habituée à se voir dépeinte par la partie russe en foyer de nationalistes et d’extrémistes. Des dizaines de photomontages montraient mercredi le premier ministre en combattant des guerres napoléoniennes ou en djihadiste à barbe. Sur Facebook, la porte-parole de M. Iatseniouk a conseillé au régime russe « des tests psychiatriques ». Ces commentaires ne sont pas tous flatteurs pour le chef du gouvernement, connu pour son look de technocrate et à qui nombre d’Ukrainiens reprochent ses pratiques de politicien professionnel.Alexandre Bastrykine ne précise pas les suites judiciaires qu’il entend donner à son enquête, pas plus qu’il n’étaie les accusations portées contre le premier ministre ukrainien. Ce rôle a été laissé à la chaîne de télévision LifeNews, particulièrement proche du Kremlin et habituée des opérations de propagande les plus outrancières. L’histoire devient dès lors moins cocasse : selon LifeNews, les accusations contre Arseni Iatseniouk s’appuient sur les témoignages de deux ressortissants ukrainiens détenus en Russie depuis plus d’un an, Mykola Karpiouk et Stanislav Klykh, accusés – de façon tout aussi douteuse – d’avoir participé au conflit tchétchène. On ignore la réalité de leurs déclarations aux enquêteurs russes, mais les deux hommes affirment avoir été régulièrement torturés en prison.Lire la suite