Affaire de Karachi : les principaux protagonistes renvoyés en correctionnelle

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Au total, six personnes comparaîtront – principalement pour « abus de biens sociaux, complicité et recel » – devant le tribunal correctionnel de Paris. Il s'agit des deux hommes d'affaires d'origine libanaise Ziad Takieddine et Abdul Rahman El-Assir, de l'ancien conseiller au ministère du budget de Nicolas Sarkozy dans les années 1990 Thierry Gaubert, du directeur du cabinet d'Edouard Balladur à Matignon Nicolas Bazire, de l'ex-conseiller de François Léotard à la défense Renaud Donnedieu de Vabres, et enfin de l'ancien PDG de la branche internationale de la direction des constructions navales (DCN-I) Dominique Castellan. Le procès pourrait se tenir dès 2015.
UNE ENQUÊTE DE QUATRE ANS
MM. Van Ruymbeke et Le Loire ont enquêté près de quatre ans sur les dessous de plusieurs contrats d'armement passés dans les années 1990 et dont la véritable finalité aurait été un financement politique occulte. Leurs investigations avaient permis de réunir des indices laissant présumer que deux membres du gouvernement Balladur (1993-1995) avaient commis des délits, dont ils devront répondre devant la Cour de justice de la République (CJR), seule instance habilitée à enquêter sur d'anciens ministres (et le cas échéant à les juger) : il s'agit de l'ancien locataire de Matignon lui-même, Edouard Balladur, et de son ministre de la défense de l'époque, François Léotard.
Nicolas Sarkozy, quant à lui, était à l'époque titulaire du portefeuille du budget. Mais aucun délit ne peut lui être reproché selon les juges, comme pour le parquet. Les juges Van Ruymbeke et Le Loire s'étaient dessaisis au profit de la CJR au mois de février.
Ils suspectent MM. Balladur et Léotard d'avoir œuvré, entre 1993 et 1995, en faveur de sulfureux hommes d'affaires à l'occasion de plusieurs contrats d'armement passés par la France avec le Pakistan et l'Arabie Saoudite. Renvoyés devant le tribunal correctionnel par les juges, les deux principaux intermédiaires au cœur de l'enquête, Ziad Takieddine et Abdul Rahman El-Assir, furent imposés in extremis dans ces contrats par Matignon et la Défense, et ce alors que les marchés semblaient déjà conclus.
Une partie des faramineuses commissions perçues par le duo auraient en fait servi à financer de manière illicite, sous forme de « rétrocommissions », la campagne présidentielle de M. Balladur, en 1995, ainsi qu'à renflouer les caisses du Parti républicain de M. Léotard.
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