«La Recluse du Destel» :
une histoire tragique,
teintée de mystère et de scandale
par Maïa Alonso
Martine Alix Coppier publie en ce début janvier un nouveau roman : «La Recluse du Destel» (Editions Presses de la Cité, Collection Terres de France). Cette Savoyarde, diplômée des Beaux-arts et des Monuments historiques, venue par passion à l’écriture, s'est spécialisée dans le roman historique et la biographie. Avec «La Recluse du Destel» - Martine Alix Coppier retrace le portrait d’une femme singulière qui vécut au18e siècle, Marie Laugier. En quête de rédemption, cette femme vécut en ermite dans une grotte des gorges du Destel, en Provence : « Un destin de femme entre ombre et lumière », dit l’auteure. Et elle nous invite à découvrir les arcanes de son roman : « J'avais entendu parler de cette histoire par une habitante âgée d’Evenos, le village médiéval dont il est question dans le roman . Elle -comme d'autres- avait entendu dire par ses ancêtres qu'une recluse vivait dans une grotte en-dessous du village et qu'elle montait chaque dimanche s'agenouiller devant l'église, le visage caché sous un voile, pour mendier. Les villageois la surnommaient la béate, ne sachant pas ce qu'elle venait expier là, dans des conditions si difficiles. Il y aurait des documents et archives plus ou moins perdues à ce sujet », précise Martine Alix Coppier. Lors de salons du livre provençaux, des érudits locaux lui ont parlé de cette histoire véridique mais sans trop se rappeler de détails : «En tout cas un sujet extraordinaire et émouvant,» dit-elle.
Un vrai sujet pour cette amoureuse de l’histoire : « En fait, cette Marie (j'ai inventé Laugier), je l'ai trouvée récemment (après avoir écrit le livre !) dans les récits de veillées Ciotadennes de la fin du 19ème siècle ! » Et c’est bien là le plus extraordinaire finalement, que Martine Alix Coppier ait écrit cette histoire de façon intuitive, et qu’elle ne soit pas très différente de la supposée réelle : « Excepté qu'ils imaginaient la recluse dans une petite grotte de la Sainte-Baume, proche de celle de Marie-Madeleine, et qu'elle y serait restée 30 ans (comme la sainte, d'où la légende). Or, il est plus que probable qu'elle se trouvait dans le Destel, à Evenos, où promeneurs et spéléos parlent de la grotte de la Béate (on peut la voir sur internet). » Sujet en or donc. Martine Alix Coppier a cherché à comprendre comment une jeune fille avec les intérêts et plaisirs de son âge, pouvait se retrouver à mener une vie de pauvresse et d'ermite dans de si dures conditions ; pourquoi elle s'infligeait une telle souffrance et punition : « La notion de rédemption s'est imposée, la dualité entre ombre et lumière, vice et pureté. J'ai imaginé comment on pouvait vivre au temps de Louis XV, à la Ciotat, mais aussi à la campagne et j'ai articulé le récit sous deux formes : le style au présent pour Marie dans sa condition de recluse, et le passé-imparfait pour sa vie "d'avant". Et j'ai voulu aussi donner la parole à des héros secondaires et anonymes, comme le paysan qui l'a amenée au village et l'a aimée sans rien savoir d'elle. » Un roman chargé d’émotion, riche d’informations sur la vie quotidienne en Provence à cette époque, mœurs et coutumes, psychologie des personnages et cette figure charismatique de celle qui restera Marie Laugier.
Les romans de Martine Alix Coppier sont imprégnés de couleurs et de frémissements puisés dans l'observation de la nature et des hommes, et de sa pratique artistique. Ici, dans une Provence à deux versants, l'un maritime et l'autre rural, « La Recluse du Destel », l'histoire de l’ermite, Marie Laugier, vous dilate l’âme et vous incendie le cœur.
©Maïa Alonso