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Eh oui, la guerre sévit, les colères grondent et les «raisins de la colère» murissent vitesse grand V, mais dans le monde émergent des libertés nouvelles et j’ai envie de vous dire que la beauté et la tendresse toujours peuvent nous bercer, avec la force et la joie, regardez cette vidéo et laissez-vous porter par la douceur d’un monde originel, le nôtre que nous prenons si peu le temps d’aimer…


 

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Un N° 17, Complet, pour une vie pleine de bonnes résolutions.

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Inclus: Le Diabétique Gourmand, des recettes goûteuses et light.

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Deux regards sur la personnalité de Ben Bella mort ce 11 avril 2012

There are no translations available.

Deux regards sur la personnalité de Ben Bella : Silvia Cartori et André Soiussan avec le point de vue de Jean-Pierre Lledo

Le premier président de l’Algérie indépendante (1963-1965) Ahmed Ben Bella s’est éteint en ce 11 avril 2012 à l’âge de 96 ans.

 

Silvia Cattori: Un entretien avec Ahmed Ben Bella

(2006)

Publié par ITRI (Institut Tunisien des Relations Internationales)

Ahmed Ben Bella : « J’ai vécu 24 ans et demi en prison »

Le premier président de l’Algérie indépendante (1963-1965) Ahmed Ben Bella s’est éteint en ce 11 avril 2012 à l’âge de 96 ans. A l’heure de son décès nous rediffusons l’entretien qu’il nous avait accordé à Genève le 16 avril 2006.

Ahmed Ben Bella

Ahmed Ben Bella est une des hautes figures du nationalisme arabe. Il fut l’un des neufs membres du Comité révolutionnaire algérien qui donna naissance au Front de Libération Nationale (FLN). Arrêté par l’occupant français en 1952, il s’évade. Arrêté de nouveau en 1956, avec cinq autres compagnons, il est détenu à la prison de la Santé jusqu’en 1962. Après la signature des accords d’Évian, il devient le premier président élu de l’Algérie indépendante.

Sur le plan intérieur, il mène une politique socialiste caractérisée par un vaste programme de réforme agraire. Sur le plan international, il fait entrer son pays à l’ONU et l’engage dans le mouvement des non-alignés. Son influence grandissante dans la lutte contre l’impérialisme conduisent de grandes puissances à favoriser son renversement par un coup d’État militaire. Il est placé en résidence surveillée de 1965 à 1980. Depuis lors, il s’est tenu à l’écart des affaires intérieures de son pays, mais continue à jouer un rôle international, notamment en tant que président de la Campagne internationale contre l’agression en Irak.

Silvia Cattori : Quand vous n’êtes pas en voyage, résidez-vous en Suisse ?

Ahmed Ben Bella : Non, je vis en Algérie, mais je viens souvent en Suisse. J’ai vécu ici durant dix ans, après mes démêlés avec le pouvoir des militaires algériens. En Algérie je suis assailli par les journalistes. Donc, quand j’ai besoin de prendre un peu de repos et de recul avec ce qui se passe là bas, je viens ici où j’ai gardé un petit appartement. Vous savez, j’ai quatre-vingt dix ans !

S.C.- Vous avez l’air d’un jeune homme ! Savez-vous, M. Ben Bella, que vous avez imprimé une très belle image dans le cœur des gens partout dans le monde ?

Ahmed Ben Bella : (Rire) J’ai eu une vie un peu spéciale, il est vrai. J’ai participé à la libération de mon pays. J’ai été l’un des organisateurs de sa lutte de libération. J’ai participé également de façon active à toutes les luttes de libération.

S.C.– Vous êtes d’origine arabo-marocaine. Quel lien gardez-vous avec vos racines rurales ?

Ahmed Ben Bella : Oui, je suis Algérien d’origine marocaine par mes parents, mais toute ma vie c’est l’Algérie. Je suis né là-bas. Je suis un fils de paysans pauvres venus très jeunes vivre en Algérie. Je n’ai vu que récemment l’endroit où ils sont nés, dans les environs de la ville de Marrakech.

S.C.– En venant à vous, j’ai l’impression d’aller à la rencontre des peuples et des causes pour lesquels vous vous êtes battu toute votre vie. C’est très émouvant de s’entretenir ici de votre combat pour créer un monde plus humain, plus juste. N’incarnez-vous pas tout cela ?

Ahmed Ben Bella : Oui, ma vie est une vie de combat ; je puis dire que cela ne s’est jamais arrêté un seul instant. Un combat que j’ai commencé à l’âge de 16 ans. J’ai 90 ans et ma motivation n’a pas changé : c’est la même ferveur qui m’anime.

S.C.- En 1962, vous accédez aux plus hautes charges de l’Algérie indépendante. Tous les espoirs sont ouverts. De l’Algérie colonisée à sa libération, de la scène politique internationale au combat altermondialiste, vous avez payé cher le prix de votre insoumission.

Ahmed Ben Bella : Oui j’ai payé très cher mon combat pour la justice et la liberté des peuples. Mais voilà, j’ai fait ce que j’ai ressenti comme un devoir, une obligation. Donc, pour moi le choix n’a pas été difficile. Quand je me suis engagé dans la lutte pour mon pays, j’étais très jeune. Mes horizons se sont ouverts. Je me suis très vite rendu compte que les problèmes allaient au-delà de l’Algérie, que la colonisation touchait quantité de peuples, que les trois quart des pays de la planète étaient colonisés d’une façon ou d’une autre. L’Algérie était alors, pour les Français, un département d’outre mer, c’était la France de l’autre coté de la méditerranée. La colonisation par la France en Algérie a duré longtemps : 132 ans. J’ai participé à cette lutte-là en Algérie. Tout de suite après l’indépendance, je me suis associé à tous ceux qui, dans le monde, se battaient eux aussi pour libérer leur pays. Il y a donc eu cette phase de la lutte de libération nationale à laquelle j’ai participé de façon totale. En Tunisie, au Maroc, au Vietnam, l’Algérie était devenue un peu la mère des luttes de libération ; les soutenir était donc pour nous une tâche sacrée. Quand quelqu’un venait nous demander de l’aide, c’était sacré. On ne réfléchissait même pas. On les aidait, alors même que nous n’avions que peu de moyens ; on leur offrait des armes, un peu d’argent et, le cas échéant, des hommes.

S.C.- En 1965, ce ne sont pas les Français qui vous emprisonnent, ce sont vos frères d’armes. Que ressentez-vous, aujourd’hui, à l’égard de ceux qui vous ont brutalement barré la route ?

Ahmed Ben Bella : Je ne ressens pas de mépris, je ne ressens pas de haine. Je pense qu’ils ont participé à quelque chose qui n’était pas très propre et qui a été très dommageable, non seulement pour le peuple algérien, mais également pour les autres peuples qui comptaient alors sur notre soutien. Mon combat pour apporter de meilleures conditions de vie aux Algériens, alors plongés dans une grande misère, et mon combat pour aider les autres peuples encore colonisés à recouvrer leur liberté, dérangeait fort certains pouvoirs. De leur point de vue j’allais trop loin. Je devais disparaître. Ceci pour dire que, si l’armée algérienne ne m’avait pas renversé, d’autres l’auraient fait. Je devais disparaître, parce que je devenais trop gênant. J’abritais pratiquement tous les mouvements de libération, y compris ceux venus d’Amérique latine.

S.C.- Etiez-vous déjà en contact avec Fidel Castro ?

Ahmed Ben Bella : Oui, le Che était venu à Alger m’apporter le message de Fidel Castro que j’avais rencontré deux fois. Il nous demandait de soutenir les luttes qui se développaient en Amérique du Sud, car Cuba ne pouvait rien faire ; elle était sous le contrôle des États-Unis qui occupaient la baie de Guantanamo. Rien ne pouvait donc sortir de Cuba, même pas une boîte d’allumettes, sans que les États-Unis le sachent. Je n’ai pas hésité une seconde. C’est depuis l’Algérie, et avec la participation du Che, qui est resté chez nous durant six mois, que s’est créé l’État major de l’armée de libération de l’Amérique du sud. Je peux le dire maintenant : tous les combattants qui participaient à la lutte de libération en Amérique du Sud sont venus en Algérie ; c’est de là que tout ceux qui luttaient sont partis. On les a entraînés, on s’est arrangé pour que les armes arrivent chez eux, on a créé des réseaux.

 S.C.- En quelle année Che Guevara est-il venu en Algérie ?

Ahmed Ben Bella : Le Che est venu en 1963, peu après mon arrivée au pouvoir. Avec mon gouvernement, nous nous sommes engagés à apporter notre aide aux luttes de libération nationale. À ce moment-là, de nombreux pays étaient encore colonisés ou sortaient à peine de la colonisation. Toute l’Afrique pratiquement était dans ce cas. Nous l’avons soutenue. M. Mandela et M. Amilcar Cabral sont venus eux aussi en Algérie. C’est moi qui les ai entraînés ; ensuite ils sont repartis mener la lutte de libération chez eux. Pour d’autres mouvements, qui n’étaient pas engagés dans la lutte armée ou qui n’avaient besoin que d’un soutien politique, comme le Mali, nous les aidions sur d’autres plans.

S.C.- Qui vous a écarté précisément en 1965 ? L’armée algérienne ou des forces extérieures ?

Ahmed Ben Bella : Je suis certain que, indirectement, il y a eu l’intervention de puissances étrangères. Nous avons vu ailleurs les mêmes mécanismes. Partout où les luttes de libération nationale ont triomphé, une fois le pouvoir constitué, il y a eu des coups d’État militaires qui ont renversé leurs dirigeants. Cela s’est produit maintes fois. En deux ans, y a eu 22 coups d’État militaires, essentiellement en Afrique et dans le tiers-monde. Le coup d’État d’Alger, en 1965, est celui qui a ouvert la voie. L’Algérie n’a donc été que le début de quelque chose qui était en germe : c’est pourquoi je dis que c’est le système capitaliste mondial qui finalement a réagi contre nous.

S.C.- Êtes-vous marxiste ?

Ahmed Ben Bella : Je ne suis pas marxiste, mais je me situe résolument à gauche. Je suis arabe musulman, orienté très à gauche dans mon action, dans mes convictions. C’est pourquoi, même si je ne partage pas la doctrine marxiste, je me suis toujours trouvé aux côtés de tous les mouvements de gauche dans le monde et des pays socialistes qui, comme Cuba, la Chine, l’URSS, ont mené le combat anticolonialiste et anti-impérialiste. C’est avec eux que nous avons constitué un front de libération et apporté notre appui logistique aux armées populaires pour aider leurs pays à sortir du colonialisme et instaurer un régime intérieur national. C’était la phase de liquidation du colonialisme. Le colonialisme est une idée qui est née en Occident et qui a conduit les pays occidentaux – comme la France, l’Italie, la Belgique, la Grande Bretagne – à occuper des pays hors du continent européen. Un colonialisme dans sa forme primitive, c’est-à-dire par l’installation à demeure de pouvoirs étrangers répressifs, avec une armée, des services, des polices. Cette phase a connu des occupations coloniales cruelles qui ont duré jusqu’à 300 ans en Indonésie.

S.C.- Après cette phase, n’étiez-vous pas actif dans le mouvement des pays non alignés ?

Ahmed Ben Bella : Il n’y a plus de pays non alignés. Ce mouvement a été créé par des hommes de très grande qualité tels Nehru, Mao Tsé-toung, Nasser et d’autres grands noms ; à une époque surtout où il y avait le risque d’une guerre atomique. C’était l’affrontement entre l’URSS et les États-Unis. Nous étions au bord de la guerre nucléaire. Les pays non alignés ont joué un rôle important pour l’empêcher. Ce mouvement a duré un certain nombre d’années. Mais le système a fini par avoir raison de lui.

S.C.- Par la suite, n’avez-vous pas joué un rôle important dans le développement du mouvement altermondialiste ?

Ahmed Ben Bella : Le système mondial qui préside à tout ce dont nous avons parlé, a inventé une autre forme de domination : la « mondialisation ». « Mondialisation » est un mot très beau en soi. Un mot qui peut unir, amener la fraternité entre les peuples. Or, le mot « mondialisation » tel qu’il a été conçu, est un mot qui fait très mal. Un mot qui a amené à la mondialisation de la misère, de la mort, de la faim : 35 millions de personnes meurent de malnutrition chaque année. Oui, ce serait un très beau mot, si l’on avait mondialisé le bien, apporté le bien être pour tous. Or, c’est tout le contraire. C’est une globalisation perverse ; elle mondialise le mal, elle mondialise la mort, elle mondialise la pauvreté.

S.C.- La mondialisation n’a-t-elle eu que des effets pervers ?

Ahmed Ben Bella : Le seul avantage que nous en avons retiré est que nous sommes aujourd’hui mieux informés qu’hier. Nul ne peut plus ignorer le fait que ce système amène à l’extension de la faim. Des richesses ont été créées, mais ce sont des richesses factices. Ce sont des multinationales, comme General Motors et Nestlé, ce sont de grands groupes industriels qui pèsent, sur le plan monétaire, beaucoup plus que de grands pays comme l’Égypte. Si on se base sur ses gains, General Motors, par exemple, est quatre fois plus riche que l’Égypte, qui est un pays de 70 millions d’habitants, le pays des Pharaons, un pays extraordinaire, le pays arabe le plus éduqué ! Cela vous donne une image de ce que signifie le mot « mondialisation ». Voilà pourquoi j’ai combattu ce système qui favorise des groupes qui représentent, sur le plan monétaire, beaucoup plus qu’un grand pays et génèrent tant d’inégalités. Voilà pourquoi nous devons, nous autres, favoriser une meilleure compréhension des problèmes, qui ont été compliqués à souhait, mais qui sont finalement l’expression d’une seule chose : la mise en place d’un système inhumain.

S.C.- Malgré la volonté clairement exprimée, en 2003, par les trois quarts des peuples de la planète, les mouvements progressistes n’ont pas réussi à empêcher la guerre. N’avez-vous pas, parfois, le sentiment, que ceux qui sont à la direction des mouvements, ont manqué une marche ; ou carrément fait fausse route pour n’avoir pas su identifier les vraies motivations de l’adversaire ?

Ahmed Ben Bella : Moi qui suis un homme du sud, je constate que quelque chose a changé dans le nord, qui est très important à relever. Ce qui a changé précisément dans cette aire dite avancée du nord, qui nous a fait la guerre, qui nous a colonisés, qui nous a fait des choses terribles, est qu’il y a aujourd’hui une opinion qui s’exprime, qu’il y a des jeunes qui disent « assez ». Ceci indique que ce système mondial pervers ne frappe plus seulement le sud mais aussi le nord. Par le passé on parlait de pauvreté, de misère uniquement dans le sud. Il y a maintenant beaucoup de misère, beaucoup de maux qui font des victimes dans le nord également. Cela est devenu manifeste : ce système mondial n’est pas fait pour servir le bien de tous, mais pour servir des sociétés multinationales.

Donc, à l’intérieur de ce nord, que nous avons tellement combattu, il y a maintenant un mouvement, il y a toute une jeunesse qui veut agir, qui descend dans la rue, qui proteste, même si la gauche n’a pas su donner, à ces jeunes qui veulent des changements, les clés de la solution. Cela s’est toujours passé ainsi : tout mouvement commence de cette façon. Le mouvement de libération que j’ai conduit en Algérie, l’organisation que j’ai créée pour combattre l’armée française, était au départ un petit mouvement de rien du tout. Nous n’étions que quelques dizaines à travers toute l’Algérie, un territoire qui représente cinq fois la France.

S.C.- Qu’ont-elles obtenu, ces générations de jeunes qui ont mis tant d’espoir dans Attac, par exemple, qui propose de « réformer la mondialisation » ! Mais n’eut-il a pas fallu refuser son principe même et adopter des mesures plus radicales, face à la radicalité du système dit libéral ?

Ahmed Ben Bella : Les gens de gauche, une fois au pouvoir, ne sont pas différents de ceux des autres partis. En ce qui concerne l’Algérie, nous avons essayé de travailler avec la gauche française. Or nous n’avons pas connu de pire pouvoir que celui exercé par le parti socialiste français. La pire des choses qui nous soit arrivée ce fut avec les socialistes. Aucun pouvoir politique auparavant ne nous avait combattus aussi durement que celui du socialiste Guy Mollet. Je vous parle de faits précis. Je parle de ce que j’ai connu. J’étais à la tête du FLN quand le gouvernement de Guy Mollet – après avoir compris que la France ne pourrait se maintenir en Algérie – a contacté Gamal Abdel Nasser pour qu’il nous demande si nous étions prêts à discuter avec eux. C’est ce que j’avais toujours prévu ; qu’un jour il allait falloir s’asseoir autour d’une table et définir la meilleure façon pour l’Algérie de devenir totalement indépendante. C’était le but que nous recherchions : redevenir libres, ne plus vivre sous la férule d’un système oppressif. J’ai dit oui, que j’étais prêt à négocier, à condition que ce soit eux, les Français, qui en fassent la demande. C’était important, car c’est toujours celui qui est le plus faible qui demande à négocier. J’ai exigé que les négociations se déroulent en Égypte. Les négociations ont duré six mois. Nous sommes arrivés à une solution. Avec ce bout de papier en poche, en septembre 1956, je suis allé informer Mohammed V, le roi du Maroc. Il s’était impliqué dans cette lutte, il nous avait aidés, y compris militairement. Puis, alors que nous nous rendions en Tunisie, où nous voulions également informer les autorités, notre avion a été pris en chasse par l’aviation française. C’était le premier détournement d’avion de l’histoire. Il y avait, dans cet avion, les deux tiers des dirigeants de la révolution algérienne. Ils voulaient nous liquider tout de suite. C’est un miracle si nous avons échappé à la mort. Tout ceci pour vous dire ce que je pense des socialistes : c’était Guy Mollet qui, à peine avait-il signé un engagement, le trahissait. Je pourrais dire la même chose du gouverneur Lacoste, c’était un socialiste lui aussi. Non, les partis de gauche ne nous ont pas soutenus, au contraire. Quoi qu’il en soit, c’est la gauche qui nous intéressait et c’est avec elle que je continue de me battre. Je suis un homme de gauche.

S.C.- Alors quand vous côtoyez les représentants de l’internationale socialiste, sur les podiums des Forums sociaux, vous arrive-t-il de vous dire qu’ils sont là pour leur prestige personnel avant tout ?

Ahmed Ben Bella : Oui il m’arrive de penser qu’ils ne sont pas sérieux. Moi je veux vraiment le changer ce monde. Je veux que ce monde change. Pour changer les choses, nous avons besoin de gens sincères et désintéressés, avant tout.

S.C.- Vous croyez en la nécessité d’un changement ?

Ahmed Ben Bella : Oui, depuis ma prime jeunesse je crois en cette nécessité. Je reviens sur ce que vous disiez. Ce qui personnellement m’amène à avoir une certaine confiance en l’avenir. Je veux parler de ce que j’observe ici, en Occident. Je suis convaincu que le système libéral n’a pas d’avenir. Ces jeunes, ces lycéens que j’ai vu descendre dans les rues, qui n’ont rien que leur idéal de justice ; ces jeunes qui manifestent, qui sont en quête d’autres valeurs, j’aimerais leur dire : « J’ai commencé comme cela, quand j’avais votre âge, par de petits pas. Et peu à peu c’est tout un peuple qui m’a suivi. » Quand je vais à des manifestations, je les observe, je parle avec eux, je vois que ce sont eux qui ont les cartes en mains.

S.C.- La question se pose avec insistance : les dirigeants des mouvements anti-impérialistes n’ont-ils pas ménagé Israël, un État idéologiquement et législativement raciste qui mène depuis sa création une politique d’épuration ethnique en Palestine ? Par conséquent, ils ont mal orienté des générations de jeunes, faussé le débat, pendant qu’Israël était très actif aux côtés des États-Unis pour combattre le communisme, combattre Nasser et le nationalisme arabe, soutenir des régimes affreux ?

Ahmed Ben Bella : Ces questions sont aujourd’hui sur la table, elles font débat. Nous ne voulons pas d’une solidarité biaisée. Nous ne voulons pas d’un État qui, comme Israël, soit l’outil préféré de ce système global cruel conduit par les États-Unis, qui pratiquent une politique qui a déjà fait tellement de mal. Pour nous, il y a double trahison. La trahison, d’abord, de ceux qui, dans le camp de la gauche, auraient dû se trouver à nos côtés, loyaux à la cause palestinienne et arabe, et qui ne l’ont pas été. La trahison, ensuite, de tous ces juifs avec qui nous nous sentons proches, avec qui nous avons des ressemblances, et avec lesquels nous vivions en parfaite harmonie. Les Arabes et les juifs sont des cousins. Nous parlons la même langue. Ils sont sémites comme nous. Eux ils parlent l’Araméen, nous parlons l’Araméen. L’Araméen comporte plusieurs branches : l’Ethiopie parle Araméen, l’Erythrée parle Araméen, les gens de confession juive parlent l’Araméen, les arabes parlent l’Araméen. C’est cela qui nous fait très mal : c’est de nous savoir trahis par ceux qui sont si près de nous, par des gens qui sont nos cousins, qui nous ressemblent et qui parlent Araméen comme nous. L’antisémitisme, nous le connaissons ; nous sommes sémites. J’ajoute à cela que, même leur prophète est notre prophète. Moïse et Jésus Christ sont des prophètes chez nous.

 S.C.- Depuis la fin du multilatéralisme, l’ONU est mise sous la coupe de Washington et des néo-conservateurs. Tout pays arabe qui ne se soumet pas à leurs diktats est mis au ban des nations. Comment jugez-vous cette situation ? Comment en sortir ? Aussi, confronté a l’unilatéralisme israélien, le Hamas n’est-il pas condamné à échouer, et à renoncer à ce pourquoi son peuple se bat depuis 60 ans ?

Ahmed Ben Bella : Je pense que le Hamas est caractéristique de ce qui se passe chez nous, de cette dimension qui maintenant prend une forte couleur religieuse, qui endosse l’Islam. Je suis un Arabe musulman, je ne voudrais pas vivre dans un pays dirigé par un intégrisme islamique. Mais je vous parle très franchement : je ne les blâme pas. Parce que ce besoin de religion a été créé par les distorsions du système capitaliste. C’est à force de nous faire du mal que, finalement, au lieu d’avoir face à eux un mouvement, oui, qui endosse l’arabité, qui endosse la culture et reste ouvert, les extrémistes, Israël et les États-Unis, se retrouvent face à cette dimension. Ce sont eux qui ont créé cette situation.

S.C.- Vous ne voulez pas de réponse religieuse ?

Ahmed Ben Bella : Je suis musulman, mais je ne souhaite pas que la réponse soit religieuse. Ce n’est pas le fait religieux en soi que je récuse, non, mais le fait que l’on puisse faire une lecture qui ne va pas dans le sens de la rénovation de l’Islam, que l’on puisse faire une lecture rétrograde de l’Islam ; alors que dans l’Islam nous avons l’avantage de croire aux deux religions : la religion juive et la religion chrétienne. Pour nous Mohammed n’est que le continuum de Jésus Christ et de Moïse.

S.C.- Les musulmans n’ont-ils pas pris la tête de la résistance anticoloniale aujourd’hui ? N’y a-t-il pas lieu de reconnaître que ce ne sont pas les valeurs de l’Occident que les arabo-musulmans combattent, mais sa politique agressive ? Le Hezbollah, par exemple, qui a si mauvaise presse chez nous, n’a-t-il pas fait reculer l’impérialisme américain et israélien au Liban ? Les progressistes ne devraient-ils pas surmonter leurs préjugés à l’égard des musulmans, les considérer comme un élément dynamique dans la lutte contre l’oppression et les soutenir ?

Ahmed Ben Bella : Oui, oui. Là il y a un problème d’éducation. Il appartient à ceux qui sont à la direction des partis progressistes de répondre de façon correcte à des situations données. Or ce n’est pas le cas. Nous avons un drapeau, nous avons un hymne national, le reste ce sont les Occidentaux, toutes tendances confondues, qui le décident à notre place. Tout cela, enrobé avec de jolis mots, sous couvert de l’aide d’organismes comme la Banque mondiale et le FMI, qui ne sont rien d’autre que des instruments de torture créés par l’Occident pour continuer sa domination. Ce qui signifie que nous sommes sortis d’un système de colonialisme direct en échange de quelque chose qui parait meilleur, mais qui ne l’est pas. Toutefois, je vous le redis, j’ai cet espoir que dans ce nord qui nous a déjà fait tant de mal, sa jeunesse est en train de prendre la mesure de cette logique de domination qui crée de plus en plus de pauvreté aussi bien au nord qu’au sud. Même si ce n’est pas la même domination que celle qui s’applique au sud, c’est une situation d’indigence qu’aucun être libre ne peut accepter. Combien de gens ne sont-ils pas livrés au chômage, à la pauvreté, à la rue ? C’est cela, peut-être, qui finira par inciter les peuples du nord à changer d’optique et à s’associer de manière franche avec nous.

S.C.- Mais nous ne voyons pas aujourd’hui grand monde, en Occident, protester contre les atrocités commises en Irak, en Palestine, en Afghanistan. N’avez-vous pas l’impression qu’il y a tellement de préjugés, savamment entretenus, vis-à-vis des arabes et des musulmans – y compris dans les organisations anti-guerre – que soutenir leur résistance, est une idée très éloignée d’eux ?

Ahmed Ben Bella : C’est vrai, les partis de gauche que l’on attendait ne sont pas au rendez-vous ; ils se sont braqués là dessus. Dès que l’on parle de l’Islam, ils vous opposent Ben Laden. Je ne voudrais pas vivre dans sa république, mais je ne le critique pas. Quand je vois ce que Bush fait, je ne me permets pas de critiquer Ben Laden. Je vous le dis franchement : les attaques contre les tours de New York, je ne les ai pas condamnées. Je condamne Bush, je condamne le gouvernement américain, parce que je considère que Ben Laden est le fruit de leur politique. Ils ont fermé toutes les portes du dialogue aux arabo-musulmans. Ils leur ont fait croire durant des décennies que, s’ils faisaient ceci ou cela, l’Occident rendrait justice en Palestine. Or, Israël et ses alliés n’ont jamais voulu la paix chez nous. Israël n’a cessé de faire la guerre et de terroriser nos peuples. Ben Laden est indirectement la création de Bush et d’Israël. Ces deux États sèment la mort et la haine au Moyen-Orient et dans le monde : ils ne nous ont laissé aucune autre alternative que celle de la confrontation violente. Tous ces mouvements radicaux, qualifiés de « terroristes », « d’intégristes », sont nés pour répondre aux terroristes qui, à Tel Aviv et Washington, mènent des guerres de destruction des peuples arabes. Quels choix ont-ils, ces peuples qu’ils bombardent avec une telle sauvagerie ? Face aux armées modernes, ils n’ont d’autres armes que de sacrifier leur vie en se faisant exploser, voilà. Dans le Coran on appelle cela « shahâdah ». C’est une idée extraordinaire qui s’exprime dans ce mot. C’est un état de désespoir, où celui qui l’éprouve, en arrive à ne plus supporter de vivre. Il se sacrifie, non pas pour obtenir une vie meilleure pour lui-même, mais pour que les siens au moins puissent vivre mieux. C’est le plus grand sacrifice. On les appelle ici en Occident « des terroristes ». Or, je vous le dis en toute sincérité, moi je m’incline devant quelqu’un qui fait un pareil sacrifice, je vous assure.

S.C.- Si je comprends bien, vous dites que tout ce qui met en révolte les gens au Moyen-Orient a été généré par l’Occident. Que ceux qui se battent doivent se sacrifier, souffrir pour les autres ? Que les Arabes ont fait preuve de tolérance par le passé ?

Ahmed Ben Bella : Tout à fait. La violence qui s’exprime dans le monde arabo-musulman est le résultat de la culture de haine et de violence qu’Israël a engendré en s’imposant par la force sur les terres des Arabes. Ce sont les atrocités de cet État illégal qui contraint les plus valeureux à réagir. Je ne pense pas qu’il y ait combat plus noble que celui des Palestiniens qui résistent contre leur occupant. Quand je vois ce que ce peuple a enduré depuis plus d’un siècle, et qu’il continue de trouver la force de se battre, je suis admiratif. Aujourd’hui, ceux-là mêmes qui massacrent ce peuple, sont en train de faire passer les gens du Hamas pour des fascistes, des terroristes. Ce ne sont pas des fascistes, ce ne sont pas des terroristes, ce sont des résistants !

S.C.- La Palestine est une nation emprisonnée. Comment en est-on arrivé, même à gauche, à parler de « terrorisme », au lieu de parler du droit de résister par les armes ? Voyez-vous des parallèles ou des différences majeures entre la colonisation de l’Algérie par la France et la colonisation de la Palestine par Israël ?

Ahmed Ben Bella : C’est pire en Palestine. Avec l’apartheid en plus. Les Français ne pouvaient pas nous chasser hors d’un pays grand comme cinq fois la France. Ils ont bien essayé de créer au nord une zone tampon, avec le moins d’Algériens possible, mais cela n’a pas réussi. Ils n’ont pas mis en place un véritable apartheid comme les Israéliens en Palestine. L’État d’Israël a créé la plus terrible des dominations.

S.C.- À votre avis, les Palestiniens vivront-ils moins longtemps sous occupation que les Algériens ?

Ahmed Ben Bella : Je crois que oui. D’abord, le colonialisme est un phénomène qui est clairement établi et sanctionné par les lois internationales. Ensuite, s’il y a une question qui fait l’unanimité dans le monde arabe, c’est la Palestine. Aussi longtemps que les Palestiniens n’obtiennent pas justice, le monde arabe musulman ne pourra pas se sentir libre non plus. C’est comme une partie de leur chair qui reste captive.

S.C.- Autrefois, la politique n’était pas plus noble, mais il y avait encore un équilibre. Depuis la fin de la bipolarité, les principes moraux les plus élémentaires ont été balayés. Partout on parle de combattre le « terrorisme », mais on ne parle guère des 800 enfants tués en Palestine par les soldats israéliens depuis 2000 ; des millions d’enfants irakiens tués ou malades qui n’ont plus droit à un développement normal. Guantanamo, Abu Ghraïb, auraient-ils été possibles si la Communauté Internationale avait eu la décence de dire non à la violence de Washington ? Quel responsable étatique a encore les mains propres dans cette prétendue guerre contre « le terrorisme » ?

Ahmed Ben Bella : C’est énorme ce qui s’est passé à Guantanamo, à Abu Ghraïb et ailleurs. Et toute cette horreur continue de se propager et de générer de grandes souffrances. Nous apprenons que les États-Unis ont installé des prisons en Europe de l’Est pour échapper aux juridictions de leur pays et que l’Europe participe de tout cela. Il est même reproché à la Suisse d’avoir autorisé le survol de son territoire par ces avions qui transportent des prisonniers fantômes, kidnappés, soumis à des tortures.

S.C.- Quels sont, selon vous, les moyens de contrer la stratégie mise en place par Bush et les néoconservateurs ?

Ahmed Ben Bella : C’est un mouvement intégriste, mais chrétien celui-là ! Le problème auquel nous faisons face aujourd’hui est celui-là : l’idéologie de Bush est le pire intégrisme que l’on puisse imaginer. Ce sont les fameux évangélistes protestants qui inspirent Bush. C’est un intégrisme terrible. Quels sont finalement les moyens que nous avons pour combattre ? Je vous ai parlé des espoirs que je mets dans la jeunesse, tout en sachant qu’elle n’a pas de vrais moyens pour combattre ce système effrayant. Je sais, il ne suffit pas de descendre dans la rue. Il faut passer à autre chose, inventer d’autres moyens d’action, mais il faut agir et non pas subir. Et quand on a le sentiment de ne pas avancer, il faut se dire que l’on passe par des phases, qu’il faut un certain temps avant d’atteindre la compréhension du grand nombre. On commence à agir avec ceux qui ont une compréhension claire, même si cela ne couvre pas la totalité des problèmes. Mais ensuite, on doit passer par-dessus les obstacles, et se dire que ce n’est ni le parti socialiste, tout socialiste qu’il se déclare, ni telle association qui va changer ce monde.

S.C.- Pour parvenir à un rééquilibrage, la solution peut-elle venir du côté de la Chine et de la Russie ?

Ahmed Ben Bella : Je pense qu’un espoir peut venir de la Chine. Par le passé, la Russie nous a aidés de façon extraordinaire. Mais pour l’instant, malheureusement, la Russie n’est pas dans une situation facile. Je ne mettrais pas d’espoirs en elle. Je compterais beaucoup plus sur la Chine. D’abord elle a des arguments que la Russie n’a pas. C’est un pays qui est en tête des pays en expansion. Même l’Occident va s’implanter en Chine pour vivifier son économie. D’ici 20 ans on verra la nouvelle carte politique.

S.C.- En attendant, que dire aux peuples laissés à l’abandon, en Palestine, en Irak ?

Ahmed Ben Bella : On n’agit jamais en pensant que c’est nous qui allons en être les bénéficiaires. On agit parce qu’il faut agir. Jamais les grandes conquêtes n’ont été le fruit d’une seule génération. On dit chez nous que celui qui mange n’est pas celui qui sert le plat. Il faut créer des réseaux de solidarité qui soutiennent sans conditions la lutte de ces peuples.

S.C.- Que dire aussi à cette jeunesse que vous avez mentionnée, témoin de tant d’abus ?

Ahmed Ben Bella : Il faut qu’ils aillent outre, qu’ils prennent des initiatives. S’il ne suffit plus de se réunir périodiquement à des grands rassemblements, si rien ne change, il faut passer à autre chose : inventer de nouvelles formes de luttes sans attendre.

S.C.- Mais le temps n’est-il pas venu que les Arabes prennent la direction du mouvement anti-guerre jusqu’ici entre les mains d’Occidentaux ?

Ahmed Ben Bella : Oui, oui. Vu la gravité de la situation au Moyen-Orient, ce sont des Palestiniens ou des représentants des mouvements du monde arabe qui doivent bouger. Je pense que ce mouvement arabe, le mouvement palestinien, toutes ces forces, si elles se conjuguent et dépassent leurs différends, sont un espoir pas seulement pour les Arabes. Elles peuvent contribuer également à changer ce monde, le système mondial tel qu’il fonctionne.

S.C.- Vous semblez optimiste !

Ahmed Ben Bella : Oh vous savez, je ne suis pas rien qu’optimiste : je passe ma vie à agir. Je ne me contente pas de faire des discours, je consacre tout mon temps à agir par le biais de l’organisation Nord-Sud. Aussi je crois que, parfois, les forces de l’espoir viennent de là où on les attend le moins.

S.C.- Le premier congrès constitutif de l’Alliance Populaire Arabe de Résistance s’est tenu fin mars 2006 au Caire. Les participants ont appelé les peuples à se mettre « sous la bannière de l’internationalisme pour soutenir le peuple arabe dans sa lutte contre l’agression impérialiste ». N’est-il pas le point de départ d’une campagne qui, si les partis progressistes d’Occident s’y rallient, pourrait relancer le mouvement anti-guerre et aller dans le sens de vos souhaits ?

Ahmed Ben Bella : Oui, je suis personnellement favorable à cette initiative. L’essentiel est d’avancer. On n’avance pas si l’on doute, si l’on pense que c’est fini. Si l’on campe sur des dissensions. On avance et on corrige les défauts. La vie c’est cela. Il y a aussi, dans le camp arabe, beaucoup d’obstacles à surmonter. Nous devons faire un effort pour dépasser les dissensions. En effet, nous connaissons, dans le mouvement arabe, les mêmes faiblesses que connaît le mouvement anti-impérialiste en Occident.

S.C.- Il y a près de dix mille palestiniens emprisonnés arbitrairement dans les geôles israéliennes. Ils ne sont pas reconnus comme prisonniers politiques. Ahmed Sa’adat – kidnappé par Israël en mars 2006, à Jéricho, avec cinq compagnons – alors qu’il était sous garde américano-britannique – est depuis soumis à des tortures continues. Il a réaffirmé sa volonté de ne pas céder, en disant : « Peu importe l’endroit où je serai, je continuerai à combattre ». Vous devez vous reconnaître en cette affirmation, vous qui savez ce que cela veut dire vivre emprisonné ?

Ahmed Ben Bella : Oui, j’ai vécu 24 ans et demi en prison. Quand les Français m’ont enfermé à la Santé, ils m’ont mis là avec les détenus que l’on guillotinait. Je voyais la guillotine depuis ma cellule. C’est terrible ce qu’Israël fait subir comme mauvais traitements aux Palestiniens. Actuellement je n’ai qu’un seul projet : c’est la Palestine. Je ferai tout mon possible pour les aider. Pour parvenir à la paix, en Palestine et dans le monde, il faut que ce système de marchands s’en aille. Parce que les problèmes sont immenses, les dégâts sont immenses. Laisser le monde entre les mains de marchands et de tueurs est un crime. C’est cela le terrorisme. Ce n’est pas Ben Laden.

S.C.- Quand vous entendez des chefs d’État dire qu’ils font la guerre en Irak au nom de la liberté et de la démocratie, qu’avez-vous envie de leur dire ?

Ahmed Ben Bella : Je leur dis que le droit à la vie est le premier des droits humains. Les droits de l’homme c’est le droit de vivre. Tous les philosophes chez nous parlent du droit à la vie. Sauvegarder la vie, vivre, est la première des choses auxquelles chacun aspire. Or le système mondial ne s’embarrasse pas de garantir ce droit. Il exploite, il tue. Et quand il ne peut pas tuer, il construit des prisons sauvages, abus qui prétendent apporter la démocratie. Les États-Unis se sont mis à faire, en Afghanistan et en Irak, ce qu’Israël a toujours fait contre les Palestiniens. On nous parle de démocratie israélienne, américaine. Mais quelle démocratie ont-ils apporté en détruisant toute chance de vie ?

S.C.- Vous souffrez pour l’Irak ?

Ahmed Ben Bella : Ah oui l’Irak pour moi…je suis allé quinze fois en Irak, vous savez. (Un silence) [2] Et nous disons en Algérie : “Ilahi limada sabakta-ni”. Ce sont exactement les mêmes paroles qu’a prononcées Jésus. Jésus parlait comme moi. L’Islam tire beaucoup de choses de l’Évangile ou bien de la Bible, qu’il est venu compléter.

A force de voir ces abus, j’explose. On nous a fait tellement de mal. On nous a atteints dans notre dignité. Sans parler de ce petit peuple en Palestine. Combien de Palestiniens sont obligés de vivre sous la férule la plus abjecte ? Notre réaction n’est pas du racisme, Je vous assure. Nous en avons plus qu’assez. L’Occident nous a fait beaucoup de mal. N’est-ce pas en Occident que se sont produits les pires crimes contre l’humanité ? Le fascisme, où est-il né ? Le nazisme, où est-il né ? Le stalinisme, où est-il né ? La fameuse inquisition, qui a duré 400 ans, où s’est-elle déployée ? Franchement il faut beaucoup, beaucoup d’abnégation pour se dire chaque jour qui passe, je ne veux pas haïr l’Occident.

S.C.- Ne faut-il pas incriminer les tenants du « choc des civilisations », les pro-israéliens, comme les principaux instigateurs de la haine anti-arabe, anti-islam, qui se répand de façon inquiétante contre vos peuples ?

Ahmed Ben Bella : Tout à fait. Le Lobby israélien aux États-Unis est quelque chose de terrible. Jusqu’ici il était interdit d’en parler sans se voir accusé d’antisémitisme. Récemment, plusieurs études sont venues attester par des exemples inattaquables le poids du lobby israélien dans les options politiques et militaires prises contre nous.[

Silvia Cattori http://www.silviacattori.net/article28.html


[1] En 1990-91, le président Ahmed Ben Bella conduisit une médiation entre la France et l’Irak pour tenter d’empêcher la guerre du Golfe. Les négociateurs français étaient Edgard Pisani et Marc Boureau d’Argonne, administrateur du Réseau Voltaire.

[2] « Eli, Eli, Lama sabakta-ni » paroles prêtées à Jésus dans Les Évangiles quelque temps avant sa mort. Traduction : « Père, Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

[3] M. Ben Bella se réfère ici à l’essai publié par la London Review of Books, intitulé « Le Lobby israélien et la politique étrangère des États-Unis » (The Israel Lobby and US Foreign Policy), co-rédigé par le Professeur John Mearsheimer, de l’Université de Chicago et le Professeur Stephan Walt, le doyen de la Kennedy School of Governement de l’Université d’Harvard.

http://tunisitri.wordpress.com/2012/04/12/silvia-cattori-un-entretien-avec-ahmed-ben-bella/

Autre regard :

BEN BELLA :  ‘’ Tous contre Israël’’
Revue POLITIQUE INTERNATIONALE
Interview réalisé par André Soussan (été 82)
(in ‘’le Nom de trop’’ - Jacques Tarnero)

•    Question sur l’usage d’une arme nucléaire contre Israël.
Ben Bella : «  Certains dirigeants arabes peuvent bien se rendre à Jérusalem. Cela ne changera rien, il y aura toujours un musulman pour liquider les traitres… Nous n’accepterons jamais ce corps étranger dans notre région. Israël est un véritable cancer greffé sur le monde arabe… La population y croit sans cesse… Le mur des technologies va bientôt  s’écrouler… A Plus ou moins long terme, ils auront leur bombe atomique, c’est inévitable. Nous pèserons alors si lourd que les Israéliens ne pourront résister. Ils n’ont aucune chance… et c’il n’y a pas d’autre solution, alors que cette guerre nucléaire ait lieu et qu’on en finisse une fois pour toutes… Ce que nous voulons, nous autres Arabes, c’est être et nous ne pouvons être que si l’autre n’est pas. »
•    Question sur la Palestine
Ben Bella : «  … La Palestine ne concerne pas seulement les Palestiniens mais tous les Arabes. Même si les Palestiniens sous la contrainte finissent par adopter une quelconque solution, les Arabes n’accepteront  jamais pour autant l’Etat d’Israël… Jamais le peuple arabe, le génie arabe ne tolèrera l’Etat sioniste… parce qu’accepter l’être sioniste reviendrait à accepter aussi le non-être arabe. »
_______


Qui est Ben Bella*

Un des dirigeants du FLN, durant la guerre d’indépendance, mais non le plus important. Il devient le N°1 grâce à la France quand l’avion où se trouvent plusieurs dirigeants FLN, dont lui, est arraisonné en 1956. Les médias français ne parlent plus que de lui, alors que Boudiaf, dans l’avion aussi,  véritable chef du FLN à ses débuts est ainsi éclipsé. D’aucuns pensent qu’il a ainsi été ‘’acheté’’. Quand il devient le 1er Président de la République, son premier geste sera de prendre comme conseiller Hervé Bourges, hommes des services français.
Ce poste de Président, il le mérita aussi de par son allégeance à l’Armée (Boumediene) qui par l’intermédiaire de Bouteflika avait d’abord sollicité Boudiaf qui refusa d’être le pion de l’Armée : ceci se passe dans une prison française même, juste avant la libération des dirigeants FLN en Mars 1962, Bouteklika ayant pénétré dans la prison avec des papiers marocains, la France ‘’fermant les yeux’’.
Dès le début de la guerre Abane Ramdane, cheville ouvrière du Congrès de la Soummam de 1956, qui donne la priorité à l’intérieur sur l’extérieur, et au politique sur le militaire, a pour ennemi principal Ben Bella, lequel parviendra à remettre en cause les décisions de ce Congrès, une année après en 1957. Abane Ramdane tombe alors dans un guet-apens et est égorgé au Maroc, par l’Armée et par avec l’accord et sans doute même la forte sollicitation de Ben Bella.
Après l’indépendance, il chasse tous ses concurrents, Aït Ahmed et Boudiaf, notamment, toujours avec le concours de Boumediene, ministre de la défense. Et combat durement le maquis kabyle.
Partisan du panarabisme et admirateur de Nasser, il est sans doute avec l’Armée, derrière l’assassinat du Ministre des Affaires Etrangères Mohamed Khémisti, à la sortie du Parlement, par un ‘’déséquilibré’’ , qui lui s’était opposé à la proposition égyptienne de faire entrer l’Algérie dans la RAU (République Arabe Unie).
Il se fait le champion des nationalisations de tous les biens des pieds-noirs et des Juifs qui de plus en plus visés par la terreur FLN ont quitté précipitamment l’Algérie avant ou au moment de  l’indépendance.
Sa phraséologie démagogique arrive même à charmer les communistes qui le fantasment  en nouveau Castro. Il crie en effet dans un meeting : ‘’Il n’y a qu’un seul socialisme, le socialisme scientifique’’ (cad, marxiste).
Mégalomane, il se voit en grand leader du Tiers monde, et Alger devient la capitale de tous les mouvements de libération d’Afrique notamment.
Le 19 Juin 1965, un coup d’Etat militaire de Boumediene le met hors course. La gauche européenne crie à la dictature. Alors que Ben Bella avait mis en place ses propres services de répression et de torture. L’armée qui avait eu besoin de lui pour la transition, et en attendant de mettre en place son propre maillage de la société, se débarrasse sans état d’âme de lui. La gauche du FLN et les communistes le soutiennent quelques mois, avant de s’apercevoir que le changement de pouvoir n’a pas rien modifié d’essentiel, et qu’il s’agit uniquement de lutte interne des clans FLN.
Libéré en 1980, il s’exile en Suisse à partir de l'année 1981. Là, il ne jure plus que sur l’islam et explique aux TV, qu’il a tenu en prison grâce au Coran, en exhibant sa femme, à ses côtés, en tchador.
En 1990, suite à la fin du parti unique et au pluralisme, il revient en Algérie à la tête de son parti, le MDA.
Mais son activité principale est de soutenir tous les dictateurs du monde arabe notamment.
Il crée un Comité de soutien à Saddam Hussein, quand ce dernier est en difficulté.
Il reçoit le du Prix Kadhafi en 1995 et membre du Jury depuis, il remet le dernier Prix 2010, en tant que président de ce Jury au Président turc  Recep Tayyip Erdogan.
Naturellement Israël est son principal souci. Il soutient le négationnisme de Roger-Raja Garaudy, lui aussi Prix Kadhafi. Il est membre du comité de parrainage du Tribunal Russel sur la Palestine depuis Mars 2009.

*Transmis par Jean-Pierre Llédo, réalisateur de nationalité double : algérienne & française. Diplômé du VGIK - mise en scène fiction - en 1976. (Institut du Cinéma, Moscou - Atelier de Mikhaïl Romm) et critique : « Les Deux Ecrans » : collabore à la revue algérienne de cinéma et de télé, de sa création à sa dissolution (1978-1985). Articles sur : Pain et Chocolat de Brusetti, l’Homme de Marbre de Wajda, De la vie des marionnettes de Bergman, Apocalypse Now de Coppola, Hitchcok, etc…

 

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