MATIN
Réveil un peu brumeux. Ce matin n’a envie de rien. Il n’est ni sombre ni lumineux, non il n’a simplement envie de rien.
Elle, elle se love sous la couette, retient une miette de nuit entre ses cils défaits, elle se recroqueville, se fait toute petite pour que le matin l’oublie, mais il s’en moque bien, lui, le matin, car précisément il n’a envie de rien. Alors penser à elle !
Elle garde les paupières closes pour imprimer ses rêves, mais pas des rêves de nuit, non des rêves de jours, des rêves de bonjours, de bons jours, des rêves aux magnifiques atours, des rêves avec de doux contours, des rêves de sensuels amours, ostinato des sens, de ses sens aux abois qui réclament sans détours.
Elle ne veut pas de ce matin, elle veut un autre jour, elle ne veut pas avoir à se lever et ouvrir son regard, elle veut juste un nouveau matin et une main, cette main qui caresse, mais pas de ce matin là qui déchire sa mémoire et embrume son futur.
Mais le matin s’en moque, il n’écoute même pas, il n’a envie de rien.
Il ne sait plus bien où il en est, ce matin, il sent tout le poids du passé, celui des ses matins d’avant, celui des matins gris, une chose bien trop lourde sur son dos à porter, il n’a envie de rien parce que des pierres de ce fardeau pesant il aimerait délester, et la peine il aimerait dérouter.
Au fond Elle a les mêmes pensées, trop de rêves écrasés, avortés, massacrés, éradiqués, trop et pas assez de sourires en promesse.
La chaleur de la couette pourtant la pénètre peu à peu, le matin a frémi, il vient de ressentir.
La chaleur, la vie…
Le matin a frémi, onde mouvante en frissons délicieux sur une peau douceur.
Elle se rend, ouvre sans fard son si immense regard, elle frissonne aussi, de plaisir à présent.
Elle et le matin, les voilà réunis.
Le matin a de nouveau envie, Elle elle accueille sa lumière, et dans une lente et langoureuse caresse, une étreinte chaude empli de la moiteur du féminin, de la pénétration charnelle du masculin, dans une symphonie de notes, enivrante partition Il et Elle sont osmose éphémère.
Alors après un temps très long, où la paix, enfin est venue se poser, le matin a envie de muter en midi. Elle a repoussé la couette et offre la surface de sa peau à l’air du temps, de ce jour qui avance, pour faire vivre, un petit bout de rêve en attendant la nuit, et un autre matin.
© Isabelle Janvier – Septembre 2011 – Tous droits réservés.