Calme
Calme.
La lumière décline encore ce soir des douceurs éperdues.
Mais de qui se moque t on ? Des douceurs éperdues, des sucreries tout au plus.
Sereine.
Regarder la cime des arbres et se dire que le printemps prochain se fera encore beau.
A la cime des arbres de pauvres feuilles en déclin qui ne demandent qu'une chose, après un été décharné de toute générosité, laisser partir en paix leurs espoirs navrés.
Douce.
Attentive, attentionnée, dans l'écoute des histoires passées, le baume entre les mains.
Tellement étonnée d'avoir été si vite cette fois remisée. Aucun baume, juste la brulure savante de la salive ravalée avec les mots, un peu amers, mais qu'on ne dit jamais.
Tendre.
Lovée dans une rayonnante bienveillance, l'iris un peu plus clair, pour éclaircir le jour.
Le regard délavé d'avoir bien trop pleuré. L'injuste ressenti que de n'être la faute de mieux, ou en attendant mieux.
Complice.
Les sourires attendris, l'écoute au diapason, capacité accrue d'ostinato à l'infini.
Reléguée, mis hors du cercle, rejetée bien au loin. Vice de conformité.
Accueillante.
Petite complexité dépassée par amour, amitié, déclinées.
Se blesser sur des coupes de nuit, en plein jour distribuées. Chagrin mobile et non avouable, reste à ta place.
Pourtant ...
De tout cela ne garder que les regards et les instants majeurs, ne rien y mettre d'autre que la vie en repère, que les je, tu, elles, nous, filigranes ambrés et chauds pour réchauffer l'hiver.
Et tuer l'espace d'un instant une mémoire mauvaise pour ne laisser au fond qu'apparaitre nos âmes d'hominiens faillibles et si sensibles...
Et se dire que s'il pleut, de l'eau laver bien des blessures. De l'eau et du crépuscule des devenirs.
© Isabelle Janvier – Octobre 2011 – Tous droits réservés.