François Hollande donne sa vision du vin en France : « Nous avons un potentiel de développement considérable ! »
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Le député socialiste corrézien François Hollande mène campagne actuellement dans le cadre des Primaires Citoyennes dont le vote aura lieu les 9 et 16 octobre prochains. Favori des sondages, pressenti pour peut-être accéder à l’Elysée, François Hollande était vendredi 30 septembre à Cahors pour visiter la Villa Malbec. Lors d’une rencontre avec la presse, François Hollande s’est confié à Johan Gesrel. Ils nous raconte son parcours personnel avec le vin et nous donne sa vision sur l’avenir de la filière.
Johan Gesrel - François Hollande, quelle est votre première rencontre avec le vin ?
François Hollande – Il y a d’abord le premier vin que mes parents m’ont fait goûter. C’est un Bourgogne, je m’en souviens encore…et c’était une découverte moi qui était habitué au « Pschitt » et au « Coca-Cola ». Quand on a 10-12 ans, ce breuvage, le vin, paraît extravagant, et donc c’est un apprentissage ! Mes parents m’ont éduqué pour que le vin soit un produit respecté, c’est-à-dire un produit de qualité. Je n’ai jamais eu de mauvais vin à table même si souvent dans des familles ça peut arriver. Moi, j’ai toujours eu, grâce à mes parents, une éducation œnologique qui a fait que je ne buvais pas beaucoup de vin lorsque j’étais jeune, pas davantage aujourd’hui. A table, c’était des bons vins de table ou de bonnes appellations qui m’étaient servis.
Johan Gesrel - Vous dîtes ne pas vouloir modifier la loi Evin que vous avez votée en son temps. Que faites-vous de ce paradoxe qui fait qu’à l’étranger, on associe la France au vin, alors qu’en France, dès qu’on évoque le vin dans les médias, on court le risque de tomber dans une dérive propagandiste comme le stipule la loi ?
François Hollande – Oui, c’est vrai. Ce que je veux dire, c’est que cette loi existe. Elle a eu sa vertu, elle a eu ses limites et elle peut avoir ses contraintes. Mais vaut mieux essayer dans ce cadre là de promouvoir le vin à travers d’autres méthodes comme la gastronomie, le terroir, l’image, etc…ce que nous faisons déjà, y compris sur le plan publicitaire, de sorte à ce que nous puissions voir le vin non pas comme un alcool, ce qu’il est nécessairement, mais comme un élément du savoir-vivre, de la qualité de la vie. Et c’est comme ça qu’on pourra y arriver. Et c’est pour ça que je ne suis pas favorable à ce qu’il y ait un débat législatif….
Johan Gesrel - Mais il y a des télévisions, des médias qui aimeraient se créer autour du vin et le Conseil supérieur de l’audiovisuel les y empêche au nom de cette loi Evin ? Que faîtes-vous de ça ?
François Hollande – Oui je sais…Faisons autre chose. Faisons des télés gastronomiques ! Ou l’art de la table, ça existe vous savez des chaînes thématiques sur la cuisine. Et bien quand on prépare un plat, on peut dire avec quoi il s’accompagne, c’est beaucoup plus efficace.
Johan Gesrel - Aujourd’hui, vous rendez visite à Cahors, une des plus petites interprofessions de France qui a choisi d’opérer sa propre stratégie à l’export au détriment de l’Interprofession des Vins du Sud Ouest dont elle devrait dépendre. Comment vous regardez toutes ces interprofessions ?
François Hollande – D’abord, je tiens à dire que les interprofessions sont utiles. C’est un moyen de créer une solidarité, de moderniser, de promouvoir…donc il faut avoir du respect pour cette démarche. Après, il ne faut pas que ce soit trop gros sinon on perd l’identité. Or, c’est très important l’identité, le lien avec un territoire. Donc je pense ici, à Cahors, que c’était très important de garder je dirais sa souveraineté. Mais, si on veut favoriser l’exportation il faut rester dans une certaine dimension interprofessionnelle qui puisse avoir du sens et de la force.
Johan Gesrel - En tant que candidat à ces élections présidentielles et donc possible futur chef d’Etat, avez-vous pris conscience de ce potentiel économique à l’export ? 6 milliards d’euros chaque année, l’équivalent de 200 avions Airbus, a souligné le maire de Cahors, Jean-Marc Vayssouze. Ça vous parle ?
François Hollande – Oui bien sûr. On pourrait aussi parler du Champagne qui reste un élément très important dans l’exportation, le Cognac qui est en plein développement en ce moment, et le vin, toutes appellations confondues ! Parce qu’à force, les pays émergeants vont atteindre des niveaux de développement. Ils vont découvrir non pas le vin, ils le connaissent déjà, mais les appellations, la qualité. Donc nous avons un potentiel de développement considérable ! A condition bien sûr d’accompagner les producteurs, les viticulteurs vers l’exportation et ce n’est pas facile de pénétrer certains marchés.
Johan Gesrel - si demain vous êtes élu, est-ce que vous continuerez à boire du vin devant les autres comme vous le faîtes en ce moment ?
François Hollande – Vous pourrez toujours dire que vous m’aurez vu en boire ! Vous pourrez en témoigner, hein ! Tiens, vous pourrez même dire que vous m’avez vu en reprendre ! [François Hollande se sert effectivement un autre verre de Cahors. Un "Clos Triguedina" 2005. ndlr].
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