En Ile-de-France, Valérie Pécresse ouvre le bal des régionales de l’UMP
Le Monde | 11.04.2015 à 20h40 • Mis à jour le 12.04.2015 à 13h51 | Par Béatrice Jérôme
« Pécresse, elle est UDI ? » le patron du bar à la sortie de la gare RER de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) hésite. « Ah non, c’est vrai ! elle est UMP, se reprend-il en classant ses planches de loto et de PMU. Enfin UMP et UDI, il faudrait bien qu’ils s’entendent, sinon on aura toujours la même merde », conclut-il en tournant son regard en face, vers la mairie. De son comptoir, samedi 11 avril, il aperçoit la petite foule qui se masse devant l’hôtel de ville pour le premier meeting de la candidate de la droite aux régionales en Ile-de-France.A l’intérieur, la salle des fêtes est comble. Quelque 1 500 participants – élus et militants – l’ont prise d’assaut. La salle des mariages, elle, est vide. L’heure n’est pas encore à la noce entre l’UDI et l’UMP en Ile-de-France.Lire aussi : Primaire : à l’UMP, chacun cherche son centreChantal Jouanno, candidate de l’UDI à la présidence de la région, a lancé sa campagne mardi 7 avril. Mme Pécresse a choisi d’ouvrir le bal à son tour, en se lançant dans la bataille à huit mois du scrutin de décembre.Le risque du FNAprès la vague bleue des municipales et des départementales en Ile-de-France, la division entre la droite et le centre pourrait-elle être fatale à l’alternance aux régionales ? Dans les sondages, ces derniers mois, Mme Pécresse arrive en tête au premier tour. Et ce même sans liste commune avec l’UDI. Mais le faible écart des voix entre la droite et la gauche aux départementales le montre : « Rien n’est gagné », dit-elle.Au scrutin de mars, au niveau de toute l’Ile-de-France, la droite et le centre n’ont obtenu que 60 000 voix d’avance sur l’ensemble de la gauche et des écologistes. Mais ce rapport de forces n’inclut pas Paris, qui ne votait pas aux élections départementales. Or, aux municipales de 2014, les listes de gauche – toutes confondues – ont devancé la droite d’environ 50 000 voix dans la capitale.Mme Pécresse doit aussi conjurer le risque d’un score du FN suffisamment élevé pour qu’il puisse se maintenir au second tour. Même si elle arrive en tête au premier, la droite pourrait perdre au second en cas de triangulaire, du fait d’un mauvais report de voix des électeurs FN.Pour la candidate de l’UMP, l’objectif est donc clair : réaliser le meilleur score possible au premier tour, en étant loin devant le PS. Et ainsi créer une dynamique et convaincre les électeurs du Front national de l’intérêt de voter pour celle qui apparaîtrait en mesure de faire perdre la région à la gauche.« Ma main est tendue »Une telle ambition aurait d’autant plus de chances de se réaliser, estime Mme Pécresse, que l’UMP et l’UDI auront conjugué leurs forces dès le premier tour. « Je suis la candidate de l’union, et je suis prête à la faire dès le premier tour. Ma main est tendue et j’espère que nous partirons ensemble », a déclaré la députée (UMP) des Yvelines dans un entretien au Parisien, samedi.Cette stratégie fait consensus parmi la plupart des grands élus franciliens de l’UMP. « Valérie fait un travail formidable, confiait le député de Paris Pierre Lellouche, en marge du meeting. Le seul problème, c’est de sortir une liste commune à droite dès le premier tour. » « L’intérêt de l’UDI serait de partir uni avec nous, confiait de son côté Thierry Solère, député UMP des Hauts-de-Seine, car les sondages ne les donnent pas très hauts. »A l’inverse, pour Pierre Bédier, président du conseil général des Yvelines, un autre scénario serait plus efficace : « Notre victoire viendra de notre capacité à inventer une droite plurielle plutôt que notre accord électoral avec l’UDI au premier tour. » A ses yeux, « un accord programmatique avec l’UDI passé entre les deux tours donnera un nouvel élan à la campagne qui permettra d’écraser le FN », explique le patron du département de Mme Pécresse.L’ancienne ministre de l’enseignement supérieur, que Jean-Pierre Raffarin a saluée comme une « bosseuse, teigneuse, accrocheuse » dans une vidéo diffusée samedi à Rosny, ne compte pas uniquement sur l’union avec l’UDI pour l’emporter. Sa campagne, qu’elle veut longue, est à ses yeux son principal atout. « Elle applique la méthode Chirac, approuve Pierre-Yves Bournazel, élu (UMP) de Paris. Cela lui donne le temps de s’immerger, d’écouter les gens et d’infuser dans l’opinion l’échec de la gauche à la tête de la région depuis dix-sept ans. »« D’ici l’été, nous avons cent jours pour parcourir les cent circonscriptions de l’Ile-de-France », a lancé Mme Pécresse. Elle a annoncé que si elle était élue à la présidence de la région, elle renoncerait à son mandat de députée et qu’elle ne serait pas non plus « ministre en 2017 » en cas de victoire de la droite à la présidentielle. Devant un parterre de parlementaires UMP d’Ile-de-France, dont François Fillon, ce « serment de Rosny » se voulait un nouveau gage de son « engagement total » dans sa bataille au long cours.