SNCM : après le compromis, les salariés reprennent le travail
Après trois jours de fortes tensions de part et d'autre de la Méditerranée, les syndicats de la SNCM ont obtenu un moratoire de quatre mois excluant pendant ce temps tout redressement judiciaire. Eux, qui avaient fait un pas en avant en acceptant l'idée d'« un nouveau plan » industriel avec la nouvelle direction mise en place par l'actionnaire majoritaire Transdev (66 %), synonyme de nouveau plan social, souhaitaient « un cadre sécurisé ». En clair : pas de tribunal de commerce, le temps de travailler sur le plan et de rechercher de nouveaux actionnaires.
« Si d'ici décembre, aucune solution pérenne n'était trouvée, ce que nous ne souhaitons pas, il pourrait y avoir le dépôt d'un nouveau préavis », a prévenu le délégué de la CGT, Frédéric Alpozzo. « Les discussions (...) ont permis de dépasser les postures et de trouver une voie équilibrée », a de son côté salué le secrétaire d'Etat aux transports, Frédéric Cuvillier.
AIDE AUX ENTREPRISES CORSES PÉNALISÉES
Jeudi, une délégation des entreprises corses affectées par ces deux semaines et demie de grève a obtenu, lors d'un rendez-vous à Matignon, des mesures pour réduire au minimum les effets négatifs du mouvement. Elles bénéficieront d'un « étalement » du paiement de leurs cotisations patronales du deuxième trimestre et de leur « effacement » au troisième trimestre, a expliqué Antoine Mondoloni, président de la chambre régionale de commerce et d'industrie de Corse.
Seules seront concernées « les entreprises impactées par la crise, donc il faudra les recenser, entreprise par entreprise, dans le tourisme, le BTP, chez les agriculteurs, les artisans », a-t-il ajouté. Matignon a ensuite assuré que « la Caisse des dépôts et la BPI [Banque publique d'investissement] ser[aie]nt mobilisées pour proposer des prêts à taux zéro aux entreprises rencontrant des difficultés ».
Selon M. Mondoloni, « la Corse a perdu entre 7 et 8 millions d'euros [par jour], sur dix-sept jours ». Des débuts de pénurie de certaines denrées ont été observés sur l'île, où l'essentiel de l'alimentation est importé et où la population triple en été avec les touristes. Les représentants du monde économique insulaire ont manifesté à plusieurs reprises leur colère, par des actions parfois violentes, comme la prise d'assaut du navire Jean-Nicoli à Porto-Vecchio, la semaine dernière, ou le saccage de l'agence SNCM de Bastia, mercredi.