Violences : une femme tuée tous les trois jours
146 personnes ont été tuées l'an dernier par leur conjoint ou leur ancien conjoint.
Selon le bilan du ministère de l'Intérieur, 146 personnes ont été tuées en 2011 au cours de violences conjugales. Un chiffre élevé mais toutefois en recul de 16 % par rapport à 2010.
En France, les violences conjugales continuent de tuer. En effet, selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur 146 personnes ont été tuées l'an dernier par leur conjoint ou leur ancien conjoint. Bien qu'élevé ce chiffre est en baisse de 16 %. D'ailleurs, depuis 2007, ces chiffres baissent régulièrement. Déjà en 2011, le nombre de victimes avait diminué de 16 % par rapport à l'année précédente. Cette décrue ne doit cependant pas masquer une réalité : en moyenne, on compte un homicide au sein d'un couple tous les deux jours et demi.
Et ce sont toujours les femmes qui sont surreprésentées dans ces statistiques. L'an dernier, 122 d'entre elles ont été tuées par leur compagnon. Ce dernier répond à un profil type selon les statistiques des services de police. En majorité, il s'agit d'un chômeur âgé de 41 à 60 ans. Et dans 33 % des cas, le compagnon (ou l'ex) ne supporte pas la séparation qui le conduit à commettre l'irréparable. à titre d'exemple, le rapport raconte le cas d'un homme qui a abattu son ex-compagne avec un fusil de chasse lorsqu'il a appris qu'elle était enceinte d'un autre. Une autre affaire raconte qu'un autre homme s'était caché sous le lit conjugal pour surprendre sa femme et son nouvel amant avant de les frapper avec une poutrelle métallique pendant leur sommeil.
24 hommes tués, souvent par des femmes victimes de leur conjoint
Selon les statistiques officielles, les hommes sont proportionnellement beaucoup moins souvent victimes que les femmes. Le ministère de l'Intérieur a toutefois recensé 24 décès en 2011. En moyenne un homme a été tué par sa femme tous les quinze jours. L'âge des femmes auteurs de ces homicides est légèrement plus jeune que celui des hommes puisqu'elles ont entre 31 et 50 ans. Elles sont aussi souvent sans emploi. Dans la moitié des cas, les femmes qui sont devenues meurtrières étaient elles-mêmes victimes de violences conjugales répétées.
Malgré les campagnes de publicité qui incitent les femmes à dénoncer les violences dont elles sont victimes au quotidien, les actes de violence continuent de tuer.
Malheureusement, ces violences s'exerçant dans le cadre familial, onze enfants ont également été victimes des violences mortelles exercées par leur père ou leur mère en 2011. Par ailleurs, 58 hommes et quatre femmes se sont suicidés après avoir tué leur conjoint.
En 2011, les Bouches-du-Rhône et le Nord (huit cas chacun) ont été les deux départements les plus touchés par le phénomène.
Des téléphones d'urgence distribués pour les femmes en danger
Expérimenté en premier lieu avec succès en Seine-Saint-Denis et dans le Bas-Rhin, le dispositif des téléphones portables d'urgence remis aux femmes victimes de violences conjugales vient de s'implanter à Paris. La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a expliqué que ce procédé avait d'ailleurs «vocation à essaimer» en France.
Appuyer trois fois sur une touche d'urgence
Une généralisation du dispositif serait en effet à l'étude. Le principe est simple. Une fois repérée par les services sociaux ou de police, la femme victime de violences se voit attribuer par le procureur de la République un portable pour 6 mois, renouvelable une fois, après évaluation de sa situation par le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF). Menacée, la victime doit appuyer trois fois sur une touche du téléphone pour être immédiatement connectée à une plateforme dédiée de l'opérateur Mondial Assistance, (24 heures sur 24, 7 jours sur 7) , avec des opérateurs formés et habilités à déclencher l'envoi des forces de police. D'autres numéros préenregistrés lui permettent de dialoguer avec des associations.
G.B. pour la Dépêche